Le roman et la nouvelle à l’honneur

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C’était avant-hier, au complexe « L’Hadi Flici » : la deuxième soirée de la littérature amazighe qui prit pour thème. “Le roman et la nouvelle”. Devant une audience diverse et multiple, Brahim Tazaghart a parlé de son expérience littéraire Amazigh en abordant d’abord les origines de l’écriture amazighe, ses évolutions et ses différences.

Au fait, le roman, nommé « Ungal » (mot signifiant Symbole), a commencé avec les contes populaires berbères (Timouchouha) qui furent les premiers exemples de littérature en langue amazighe. Ensuite, vint l’étape du renouveau et de la recherche d’autres styles. Ainsi, naquit le roman amazighe dans sa forme moderne, c’est-à-dire un roman aussi bien bâti et ficelé que ceux des autres langues. Tazaghart a expliqué, en revanche, qu’écrire en tamazight est loin d’être aussi facile qu’écrire en français ou en arabe, même pour les Kabyles. Le défi était donc lancé et bon nombre d’écrivains ont tenté de hisser le roman amazigh au rang des deux autres langues algériennes (arabe et français).

Tazaghart a commencé son expérience littéraire au lycée avec la revue Rivages où il écrivait des poèmes classiques, suivant l’exemple de Si Mohand Ou’M hand mais, très vite, il a constaté que la littérature universelle a pu sortir du carcan classique et traditionnel pour inventer d’autres visions, d’autres styles et nourrir l’œuvre littéraire avec d’autres horizons. C’est ainsi, qu’il a, d’abord, tenté de traduire quelques œuvres étrangères en langue amazighe et cela lui a donné courage pour passer, lui-même, à une nouvelle ère d’écriture : celle de l’ouverture et de la démystification du poème traditionnel. Il s’est donc essayé à la poésie libre en allant même jusqu’à écrire un poème surréaliste en tamazight, ce qui était parfaitement étranger à la culture berbère.

Parlant de la nouvelle, Brahim Tazaghart a reconnu que l’arbre géniteur de cet art était et est toujours le conte et le mythe populaires, mais il a toujours insisté pour que tradition et renouveau soient justement jumelés et accommodés en littérature pour que naisse une œuvre à la fois fidèle au patrimoine et ouverte au monde moderne. « La nouvelle est certes inspiré du tamachahout mais je veux l’écrire autrement. »

Outre Brahim Tazaghart, Saïd Chemakh a parlé du statut de la littérature amazighe. La conclusion est la même : il est possible, et même très intéressant, d’écrire roman et nouvelle en tamazight. Mais pour que ces deux genres littéraires atteignent un certain stade de développement comme dans les autres langues, il faudra se libérer du carcan traditionnel aussi bien pour ce qui est du style ou de la structure.

Tamazight est une langue riche et dont la beauté rivalise avec les autres langues; elle est donc assez fertile et généreuse pour permettre aux auteurs de construire une littérature digne de ce nom, une littérature ouverte et libérée de ses conceptions caduques tout en préservant ce lien magique avec le patrimoine et l’Histoire.

Sarah Haidar

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