Soldats de Dieu et soldats du feu

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Le licenciement de deux fonctionnaires de la Protection civile de Sidi Bel Abbès pour port du hidjab a été suivi des réactions qu’on attendait, c’est-à-dire celle des islamistes, qui ne perdent jamais le nord quand il s’agit de défendre les  » acquis  » de leur révolution en attendant l’aboutissement de leur projet. De ce côté-là, il n’y a donc pas de quoi être étonné.

Qu’ils soient au maquis, au gouvernement ou dans l’opposition, les islamistes ont toujours accordé leurs violons. S’ils n’ont pas souvent parlé de la même voix, ils ont systématiquement dit la même chose. Le partage des rôles n’est peut-être pas concerté pour cause de divergences dans la démarche et de compétition dans l’affirmation des ambitions, mais quand on partage l’essentiel, on n’en a pas tellement besoin.

La multiplication des tribunes peut même signifier la multiplication des chances. Conscients de leur destin commun, ils peuvent emprunter des itinéraires différents pour une même destination. Sur le chemin de leur point de ralliement, ils peuvent se croiser, mais jamais s’affronter.

Ils ont fixé un point à l’horizon et comment l’atteindre. Ils savent trop la nature du combat pour se tromper d’ennemi, ils savent trop l’ampleur de l’enjeu pour se faire prendre au jeu de l’accessoire. Ils ont les armes pour tuer et dire leur disponibilité au sacrifice, ils ont des opposants légaux prêts à la compétition électorale et ils ont des ministres pour ne pas rester en marge de la promotion entriste.

Les islamistes ont failli interdire l’importation d’alcool, ont pesé dans le recul sur la réforme de l’éducation, ont descendu en flammes un ministre qui s’est inquiété de la séparation filles-garçons dans une classe d’école, ont crié au sacrilège quand l’administration a imposé la photo sans foulard pour les documents d’identité et ont décidé depuis quelques jours qu’on pouvait être un soldat du feu en hidjab. Ils ont tellement fait de bruit que le  » courage  » et la fermeté dont ont fait preuve les responsables de cette institution-eh, oui, ce n’était pas évident- sont passés inaperçus. Les choses étant ce qu’elles sont, les espaces de rigueur, qu’elle soit d’ordre légal ou tout simplement pratique, se réduisent et les hommes qui y tiennent se raréfient au point de relever du miracle.

Par faiblesse politique, par nonchalance ou par lâcheté, des pans entiers de notre espace vital sont cédés au fait accompli intégriste dont les acteurs n’en demandaient pas tant. Et à chaque fois qu’un homme ou une institution agit ou réagit, la menace, toujours à portée de main, est brandie : la montée au maquis pour cause d’agression du peuple et de ses valeurs. S’il y a encore quelqu’un pour en douter, les islamistes sont toujours là pour l’édifier. Au maquis, au pouvoir ou dans l’opposition,  » les valeurs  » sont les mêmes et les méthodes modulables. Et le chef des pompiers de Sidi Bel Abbès, y a t-il quelqu’un pour le soutenir ?

S. L.

P.-S. : J’ai précédemment évoqué dans cet espace l’incurie des commentateurs sportifs de notre Télévision. Ce n’est pas pour me donner raison, mais c’est finalement plus grave que je ne le pensais. Appréciez la dernière sortie de Samy Noredine : restez collés à vos écrans, même si…c’est la JSK qui mène au score par deux à zéro !

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