Situation anodine mais déterminante, il est des villages de Kabylie qui, l’incurie s’ajoutant, sont isolés même à l’échelon communal, à cause de leur route en mauvais état, que boudent les conducteurs de véhicules, notamment les transporteurs de voyageurs qui craignent la détérioration de leur outil de travail ou gagne-pain. Ce serait apparemment le cas du village Aït Saïd, de la commune de Taourirt Ighil, à en croire la version d’un lycéen issu de ce village, rencontré à Sidi Aïch après avoir quitté bredouille un établissement du secondaire où il espérait s’inscrire… et de raconter : “Malgré une scolarité normale pendant le cursus d’études moyennes, et l’obtention du brevet, j’ai dû régresser une fois admis au lycée, au point de refaire l’année (2ème A.S), parce que je m’abscentais souvent durant la matinée, aux horaires des matières essentielles,…, le transport d’Aït Saïd à la ville d’Adekar, et vise versa, est mal assuré car la route carrossable n’est pas bitumée” ! Et voulant tenter la chance ailleurs, il s’est présenté dans un lycée de la ville de Sidi Aïch, mais là aussi c’est la déveine. “Après une semaine d’attente, on me répond qu’il n’y a pas de place dans l’internat”. Et pour retourner dans son village à partir de Sidi Aïch, il faut faire une escale à Tizi n’Tifra, et à partir de là, faire de l’auto-stop… Preuve en est, quand les parcs communaux manquent en moyens de transport à même de satisfaire tous les villages, le bitumage des routes tarde à voir le jour accentuant ainsi le confinement des bourgades et hameaux à tel point que même sur les bancs de l’école, l’on arrive à réaliser que la bureaucratie verrouille les horizons, les déboires ne finiront pas, et à les narrer, leur récit prend un sens anecdotique.
Nadour Youcef
