Un “douar” archéologique inédit !

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Par : Tahar Hamadache (*)

Le dynamisme et le caractère pédagogique de l’action menée par l’association “Amsed” ont favorisé une plus grande attention des habitants des villages alentour pour tout vestige qui constitue un témoignage des temps anciens. Ainsi, des pierres de taille, complètement isolées, sont signalées dans plus d’un village voisin, dont ceux relevant des commune limitrophes.

Les habitants d’Ighil Oumsed, quant à eux, continuent de prendre soin de tout nouvel élément en mesure d’éclairer le sens des vestiges jusqu’ici inventoriés et, allant, de toute pierre que, par nécessité, l’on est amené à déplacer de son emplacement premier. Ainsi, des jeunes, bergers à leurs heures perdues, ont réussi l’extraordinaire prouesse de détecter les morceaux d’une importante partie d’un superbe bas-relief sur lequel figurent des chevaliers, sur plusieurs registres ; le puzzle reconstitué, l’autre prouesse a consisté à la maintenir dans cet état, au milieu des buissons et des pierrailles noircies par les incendies de forêt successifs que l’endroit a subis. Ces derniers jours, c’est au beau centre du village d’Ighil Oumsed que l’on aurait découvert une belle pierre de taille dont un riverain se serait débarrassé : il l’aurait toujours utilisée comme piédestal pour son vieux téléviseur et il venait de se payer une table ! Tant mieux, l’attention concernera désormais les dernières bâtisses anciennes, notamment à l’heure de leur reconstruction. Lors de l’ouverture d’une piste agricole venant de Lazib (commune d’Akbou) à un lieu saint situé dans les terres ighiliennes, Amessaoud, les ouvriers ont découvert quelques pierres taillées qu’ils ont eu la délicatesse de mettre hors de portée du bulldozer. Informés, des éléments de l’association “Amsed” cherchent à les retrouver, sans succès. Mais lors de leur randonnée, ils découvrent que la source coulant non loin du mausolée porte un seuil similaire à celui de la formation du site découvert à Bouathmane, quelques kilomètres plus haut, vers le nord-ouest. Amessaoud se situe aussi à peu près à mi-chemin entre Ighil Oumsed et Aadloun (Taourirt n Aoudia, Chellata). En discutant de ces indices avec un jeune archéologue, il renchérit par d’autres indications au sujet d’autres vestiges épars fournices par des villageois. Une promenade exploratoire a ainsi été décidée. Nous l’avons effectuée l’été dernier. Et ce que nous avons découvert me semble reconstituer les contours d’un véritable “douar” archéologique dont les villages se succèdent notamment le long de la rivière “Mazouz” qui se jette dans la Soummam, des deux côtés. En effet, du côté nord de la rivière et en partant de Lazib, on retrouve, à quelques kilomètres d’intervalles, des vestiges visibles aux lieux dits : Hamroud, Bu Tizitt, Mbala, Amessaoud et, un peu plus en retrait vers le nord, Bouathamane. Tandis que du côté sud, le premier site se situe à l’entrée de Lazib même, en venant d’Akbou, puis, plus haut; des possibilités demeurent d’en trouver davantage au lieu dit Izelloumen où nous avons pu voir une pierre de taille portant un bossage au beau milieu de la rivière – des paysans disent qu’un glissement de terrain a emporté plusieurs pierres “à peu près semblables”-, ainsi qu’à Aadloun où, dit-on, une stèle avait été retrouvée puis perdue dans les années 70 j’ai personnellement pu constater, dans une autre occasion, des débris de tuile d’époque romaine ainsi qu’une pierre taillée étrangement comme une pointe de stylo, de grande dimension, que la vase, abondante dans ce lieu, retient

Tenons-nous en aux endroits les plus visiblement archéologiques. Hemrud ; pièces de pilier encastrées, apparition à la surface d’une partie de sarcophage, pierre taillée de grande et de moyenne dimension ; Bu Tizitt : Bases de colonnes, pierres taillées, tuiles, morceaux de colonnes ; Mbala : tuile romaine, chapiteau d’époque tardive ; Amessaoud : Morceau de seuil, une pierre de taille contenant un trou de pivotement de porte, deux bases de colonnes (une ronde et une autre demi-ronde) de grandes dimensions et travaillées de manière plutôt grossières, deux pierres de taille de grandes dimensions.

Mais si le désir de faire ce parcours vous prend, n’oubliez pas de découvrir, à Lazib même, deux bassins d’eau situés à deux niveaux, des débris de conduite d’eau, quelques pierres taillées, des morceaux de tuiles et des restes d’une fontaine qui coulait encore dans les années 70.

Le site est intéressant aussi pour l’imposante demeure de l’ancien Caïd Benalicherif et les jardins y attenant, jouxtant des constructions utilitaires (huilerie, écurie), le tout serti de pièces archéologiques : bases de colonnes doublées, bases de chapiteau, un chapiteau corinthien, etc., que l’on dit ramenées en ces lieux de tous les endroits ci-dessus signalés et même de Mlakou (actuellement, commune de Seddouk), l’antique place forte de Firmus.

Et, à la fin de votre visite, dites-vous bien que vous en auriez vu davantage que S. de Gsell s’il y avait séjourné. En tout cas, avis est ainsi lancé aux rédacteurs de la nouvelle version du PDAU afin de contribuer à la transmission de ces importants témoignages taillés dans le roc.

T. H.

(*) Ancien président de l’A.C.S. “Amsed”

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