Si l’ISTS formait de grands entraîneurs de foot, on l’aurait sûrement su. Par les promotions injectées dans nos clubs, par un statut de rayonnement scientifique et sportif que cet institut aurait acquis, par les sommités qui y auraient dispensé leur savoir et par l’exigence dans les critères d’accès à sa formation. Or, de sa vocation hybride, on retiendra deux noms-alibi de sa performance, une poignée d’autres d’une génération intermédiaire et puis une armée de “conseillers” et d’“adjoints” du sport que se partagent le ministère, les DJS et quelques espaces de pratique encore fonctionnels. Des deux premiers, Noredine Saâdi et Rabah Saâdane en l’occurrence, on ne saura jamais s’ils sont systématiquement servis en exemple pour avoir étudié dans cette honorable institution, pour y avoir enseigné, ou pour avoir réussi d’exceptionnelles carrières grâce à la formation qu’ils y ont acquise. Les seconds, plus jeunes et plus nombreux ont pour noms Charef, Aït Djoudi, Benchikha, Bira et autres sont là pour squatter l’antichambre de la grandeur supposée déjà consacrée de leurs illustres professeurs. Cycliquement, à l’heure des “grands enjeux”, ces derniers reviennent pour nous dire combien “leurs aînés” sont compétents et expérimentés. La preuve ? Ils ont gagné un championnat d’estropies, fait accéder Oued El Merda ou fait un passage par l’équipe nationale qui a tenu en échec le Lésotho. Et par-dessus toutes ces performances, ils ont eu l’insigne honneur de les avoir eu comme étudiants et d’avoir encadré leurs brillantes soutenances de thèses qui font école depuis. Comme un bon service mérite toujours un autre, les “cheikhs” comme ils les appellent respectueusement, leur renvoient l’ascenceur. Voilà donc les vieux loups portant aux nues les louveteaux, pur produit de leur magistère dont le football algérien ne cesse de mesurer la qualité. Ils sont tous comme ça les entraîneurs algériens, les profs, les étudiants et les autres. Ils ont tous fait leurs preuves. En s’expatriant dans des pays où, il n’y a pas si longtemps, on ne faisait pas encore la différence entre le football et la salade de tomates. En papillonnant. De la JSK à Aïn Tagouraït, du Mouloudia à Sidi Zekri et de l’USMA au cabas du petit trabendiste. Sans état d’âme, ils ont bossé sans contrat, accepté le diktat de petits caïds de quartiers présidents et les humeurs de petits joueurs “starisés” par l’argent sale. Ils se sont fait renvoyer comme des malpropres pour revenir comme des toutous rappelés aux restes de la soupe. Au chômage, ils ont inventé d’improbables sollicitations et formulé d’indécentes offres de service. Un poste juteux est vacant, les voilà qui se bousculent au portillon. Le “challenge sportif” comme faire-valoir et le sachet en plastic comme unique ambition. Les entraîneurs étrangers sont descendus en flammes, non pas parce que les clubs et la FAF nous ramènent des techniciens de dernière zone, mais parce que ces derniers “ne connaissent pas le football algérien”.
Saâdane remplacera Cavalli parce que précisément il connaît le football algérien. On pensait naïvement que si la sélection nationale et toute la discipline avaient besoin d’hommes susceptibles de les changer, ce sera par ceux qui “les connaissent”. A Rabah Madjer qui a connu lui, un autre football, le meilleur, on inventera une équipe de seconds couteaux pour calmer les esprits. On fait signer un contrat en cachette à Saâdane, puis on se met à la prospection. Ce doit être la première fois dans l’histoire qu’on reproche à un entraîneur dont on est sûr qu’il va réussir d’exiger le même salaire que celui de l’entraîneur qui a échoué. Et Saâdane s’en défend.
“L’argent n’est pas un problème”, dit-il. Madjer aurait dit que si, parce que c’est un pro, un vrai. Travailler pour des clopinettes est le premier aveu d’incompétence. Engager un sélectionneur à moins de vingt mille euros est la première preuve du manque d’ambition pour l’Algérie du football. Mais il y a toujours preneur. Et une armée d’encenseurs qui ont été jadis ses étudiants, ses adjoints ou ses joueurs qui sont aujourd’hui aux aguets d’un toujours possible retour d’ascenceur.
S. L.
Du coq à l’âne : Nicolas Sarkozy a divorcé parce qu’il est devenu président et Ségolène Royal parce qu’elle n’a pas pu le devenir. Y aura-t-il encore des candidats à la Présidence de l’Hexagone ?