“Légataires du patrimoine” par Akli Chebbah

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Le titre se résume en termes simples dans une transcription kabyle Imawlan n’etmourt et se veut une rétrospective de l’histoire de l’Algérie depuis l’aube de l’humanité et sur les vagues successives des envahisseurs conquérants. Ceci pour le tome 1 qui vient de paraître aux édition N-K.Com en France. Le tome 2 paraître incessamment son titre résumera l’ensemble des péripéties qu’a connues “l’AI’ Chérie” sur la rébellion en Algérie jusqu’à l’indépendance. Le tome 1 s’orne d’une carte géographique de “l’AI’ Chérie”. Il s’agit surtout de deux récits événementiels. Dans le premier, l’auteur nous présente son “AI’ Chérie” dans le temps et dans l’espace par un survol de l’histoire. Le second tome permettra le “déballage” de tout le linge sale, tout en militant pour un “Traité d’amitié” entre les deux rives de la Méditerranée. Da Mohand Akli, ancien professeur de langue française se fait le chantre de l’utilisation intelligente de la langue de Molière. Ses anciens élèves lui gardent une estime qui s’affirme de jour en jour. Les références à des personnalité françaises sont nombreuses et s’insèrent avec une justesse cartésienne. D’ailleurs, le collège Aissat-Idir de Djemaâ Saharidj n’a jamais pu combler le vide causé par son départ a la retraite. “Le patriotisme, c’est aimer son pays, le nationalisme, c’est détester les autres” aurait dit le grand Charles de Gaulle, le Lillois. Albert Vallade nous relate “Oradour-sur-Glane” où 642 civils des deux sexes et de tous âges furent entassés et brûlés vifs à l’intérieur de l’église de ce village martyr, ce 10 juin 1944… Albert Nallet, dans On ne cache pas la vérité témoigne, en tant qu’appelé, sur les exactions de l’Armée sur les populations du côté de Iferhounène, dans une Kabylie rebelle (1957/1958)… pour libérer les consciences des horreurs commises… Alban Liechti raconte “le refus” (le sien) de porter les armes en 1957 contre le peuple algérien en lutte pour sa libération du joug colonial. Un si bel exemple de l’internationalisme actif. Et porter en son cœur cette Algérie (AI’ Chérie) en proie aux hordes barbares de tous les horizons puis clamer “amour et solidarité” entre tous les peuples. Que d’Algériens ont irrigué de leur sueur, de leur sang et de leur chair bien des contrées sous la cocarde tricolore, sur les vaux et les plaines comme au mont Valérien pour l’honneur et la gloire de Mariane… Que de Français aussi, civils et même militaires, de ces Français de souche, de la lignée des justes, se sont investis corps et âme, souvent au prix du sacrifice suprême, pour réclamer et imposer la paix, la justice et la liberté des peuples opprimés et tout particulièrement de l’Algérie insurrectionnelle contre l’infamie coloniale…! Combien d’écrits, dits officiels, de ceux aux épaules rutilantes ont reconnu les horreurs et les crimes qu’ils ont eux-mêmes commis sur nos populations…! Qu’est-ce que convention, pacte ou traité à signer en guise d’Amitié sur quelque parchemin au son de la fanfare?

L’amitié sincère et véritable existe bel et bien aux empreintes de ces milliers des nôtres jonchant le sol de France, des Ardennes au Mont Cassino des villes et des campagnes d’une Europe en bouillie… L’amitié tout autant, sinon plus sincère et plus vraie, signée par nombre de ces français de la Gauche Française et morts en s’opposant à l’ignoble colonialisme et pour que triomphe la bonne cause sur la terre d’Algérie, cette “AI’ Chérie” que l’auteur ne cesse de porter dans son cœur. Les deux ouvrages se veulent porteurs de l’image-symbole d’une “signature indélébile d’une encre populaire” guère en usage dans les salons feutrés, mais “vibrant hommage” aux peuples des deux rives de cette mer paisible témoignant d’une histoire commune !

Le vocabulaire châtié, le mot bien choisi et placé dans à sa juste place ne cesse de rappeler que M. Chebbah” a toujours su maîtriser, durant une carrière exemplaire, sa langue d’enseignement. Le langage s’est voulu approprié pour une lecture simple et claire, le livre étant destiné à une diffusion en milieu populaire. L’ouvrage riche en anecdotes servira sûrement de source de renseignements sur le passé d’une “AI’ Chérie” que ses enfants connaissent bien peu.

Sofiane Mecherri

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