»2719,95 hectares de forêts ravagées au cours de l’été dernier »

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A l’occasion de la Journée nationale de l’arbre, célébrée chaque 25 octobre, M.Houari Mohand Oussalem, chef de service protection au niveau de la direction de la Conservation des forêts de la wilaya de Béjaia et animateur d’une émission radiophonique sur les ondes de la Radio Soummam portant sur la prévention et la sensibilisation, revient, dans cet entretien, sur l’état des forêts de la wilaya et le dernier bilan des incendies enregistrés durant les mois passés.

Il nous éclaire surtout sur les moyens mis à leurs disposition pour venir à bout de ces incendies ravageurs.

Dépêche de Kabylie : Sur la superficie totale de la wilaya, à combien estime-t-on le couvert forestier sachant que les incendies ravagent d’importantes surfaces ?

La superficie totale du couvert végétal est évaluée à 122500 hectares soit 38% de la superficie totale, dont les plus importants massifs sont : Bouhattem : 6979 ha, Taourirt Ighil : 6670 ha, Akfadou : 5435 ha, Béni Abbas : 5023 ha, Béni Mimoun : 3805 ha, Oued Djemaâ : 2595 ha, Darguina : 2106 ha.

Concernant les essences forestières de nos massifs forestiers, ils sont composés essentiellement de chêne liège, pin d’Alep, chêne zen, chêne vert qui sont des espèces abritant un sous-bois très développé et très dense donc inflammable, notamment en période de fin août à octobre, période où la végétation perd son humidité.

La répétitivité des incendies, notamment dans certaines régions, ne menace-t- elle pas certaines espèces de disparition ?

En effet, l’ennemi public numéro un de la forêt, ce poumon qui nous procure de l’oxygène : ce sont les incendies. Leur répétitivité, effectivement, dans le temps et dans l’espace mène obligatoirement à la réduction du patrimoine forestier dont celui situé dans les zones montagneuses avec un relief très accidenté. Et à ce moment-là, on parle plus de perte d’arbres, mais plutôt de dégradation du patrimoine forestier. Entre 2006 et l’année en cours, quelque 357 départs de feux ont été enregistrés spécialement en période des grandes chaleurs.

Pour le bilan de cette année, les plus importants incendies ont été signalés vers la fin du mois d’août où la chaleur a atteint un point culminant, ravageant une superficie importante de ce massif. Il a été signalé au cours de l’été passé 137 départs ayant dévasté une superficie de 2719,95 hectares, dont : 807,65 ha de forêt, 119,40 de maquis, 1189,25 de broussailles, 490,40 en arbres fruitiers et prés de 113,25 ha de diverses espèces. Pour l’année 2006, il a été enregistré quelque 220 feux pour une superficie incendiée de 2974,62 ha, avec une moyenne de 01,46 incendie par jour, représentant 19,80 ha par jour et 13,52 ha par foyer. Pour ce qui est des communes les plus touchées, les incendies se sont produits à Toudja avec une superficie de 827,50 ha dont 404 ha en chêne liège, Tichy avec une superficie totale de 480,27 ha dont 283,57 ha en broussailles et Béjaia avec une superficie totale de 396,50 dont 316,90 ha en broussailles. Les plus importants incendies se sont passés au mois d’octobre dont le nombre est de 90 soit 40% de l’ensemble des foyers enregistrés avec 1999,45 ha représentant 67,21% de la superficie totale brûlée.

Cela ne veut-il pas dire que les campagnes de sensibilisation manquent d’efficacité ?

Il faut noter, néanmoins, que grâce aux campagnes de sensibilisation menées par nos services, dont une émission sur les ondes de la radio Soummam, le nombre de ces feux à diminué cette année par rapport à l’année précédente.

D’autre part, il faut savoir que la majorité des incendies ont des origines inconnues, néanmoins 157 foyers sont d’origine volontaire s’expliquant par : l’incinération des décharges, le renouvellement des parcours pour le bétail, l’extension des parcelles pour l’agriculture, l’imprudence et le manque d’entretien de vergers et des parcelles privées.

A combien estime-t-on les dégâts induits par ces incendies ?

En matière de pertes économiques enregistrées l’année passée par l’administration des forêts, la valeur est estimé à 4 milliards DA de pertes entre formation végétale, broussailles et arbre fruitiers.

L’arboriculture de montagne, à elle seule, enregistre une perte de 2 milliards 200 de centimes. Cette année ces pertes ont aussi baissé à 2 milliard 600 millions de centimes pour la totalité. Aussi, il faut signaler que l’arboriculture de montagne a connu une perte estimée à 1 millird 600 millions de centimes.

Quelle est donc l’espèce floristique la plus menacée par ces incendies ainsi qu les autres maladies ?

L’espèce économique dans la wilaya utilisée dans la fabrication industrielle, mais la plus menacée aussi est le chêne liège. Par contre, il existe des espèces qui régénèrent après l’incendie comme le Pin d’ Alep. L’administration fait tout son pouvoir pour protéger ce patrimoine forestier de la wilaya.

La forêt domaniale d’Akfadou subit le mal des coupes illégales qui prend des proportions au moment où son classement comme parc régional et patrimoine important est remis aux calendes grecques ?

Il faut que la population de cette commune sache que sans cette forêt il n’y aurait peut être pas les 14 villages qui constituent l’ensemble de la population… Les coupes illégales continuent malgré nos appels à protéger la flore et la faune de ce patrimoine forestier. Tout le monde sait que des pieds droits, des manches, de stères de lièges, de bois de chauffages et d’industrie sortent de cette forêt mais personne ne bouge le petit doit pour arrêter ce massacre.

Pour ce qui de son classement, notre direction en collaboration ave d’autres administration de la wilaya, notamment celles de la wilaya de Tizi Ouzou, a remis un dossier sur l’état de cette biosphère au gouvernement. En attendant cette décision, nos agents et gardes champêtres subissent toutes les menaces de la part de ces destructeurs. Il faut savoir, que dans l’exercice de leur fonction, ces derniers font face aux pilleurs à mains nues. Des embuscades ont été tendues à ces dévastateurs pris en flagrant délit d’abattage mais cela n’arrêtera sans doute pas ces gens. Par ailleurs, pour les besoins domestiques, et pour limiter les dégâts, du bois de feu mort est donné gratuitement aux riverains qui en formulent la demande.

Entretien réalisé par Fatiha Lahiani

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