Ces “médecins’’ de souk

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Leur publicité tapageuse et excessive fait plutôt mouche. Pour fonder une opinion favorable à leur supposée certitude à “éradiquer’’ telle ou telle maladie, ils poussent leur suffisance jusqu’à user d’un argument irréfutable : la science !

Ils, vous l’avez compris, ce sont tous ces charlatans qui courent les marchés hebdomadaires pour vendre le ‘’miracle’’.

Un petit tour dans le souk de Bouira nous a permis de vérifier combien le ‘’métier’’ de charlatans est lucratif et, surtout, combien il est dangereux.

On n’a pas besoin de chercher ces guérisseurs hebdomadaires trop longtemps. Ils font tellement de bruit qu’instinctivement nous sommes attirés vers eux.

Nous nous dirigeons vers le premier cercle de curieux vraisemblablement captivés par la phraséologie saupoudrée de incha Allah, bismi el Llah et autre bi idn el Lah que servaient avec art le premier charlatan, un jeune homme qui prenait au sérieux ses délires.

De petits flacons contenant un liquide verdâtre sont éparpillés sur des prospectus censés identifier le contenu des flacons et leurs vertus. Mais personne parmi les éventuelles victimes n’eut le réflexe de déchiffrer les documents. Ils se contentent d’écouter le guérisseur et de prendre acte des témoignages de ses complices. Le produit, une huile d’origine douteuse, soigne, selon la réclame, tous les rhumatismes. Pour enfoncer le clou, le charlatan expérimente devant tout le monde son produit. Il frictionne avec le produit le front d’un vieillard qui avouera : «ça brûle !». Et c’est tout le monde qui trouve que, au moins, cela agit.

L’expérience permet au ‘’guérisseur’’ de liquider, en dix minutes, pas moins de vingt flacons à raison de 100 dinars la bouteille.

Attirés par “l’âchba ddawi(la plante guérit le colon gros intestin)” diffusé par un haut-parleur fixé sur le toit d’un fourgon, nous quittons le ‘’rhumatologue ambulant’’. L’herboriste s’efforce de paraître un homme de science. La santé et les plantes et la médecine par les plantes sont quelques titres récités pour convaincre les clients quant à l’érudition gastro-intestinale de leur serviteur. L’homme soigne aussi son verbe. Il prend soin d’agrémenter son argumentaire d’une série de mots scientifiques.

En fait, le discours que l’herboriste développe dépend de la tête du client. Dès qu’il constate que son public est majoritairement d’un certain âge, il puise dans la rhétorique religieuse.

Et cela marche. La santé publique est ainsi malmenée au su et au vu de tous par ces charlatans ambulants. L’abus de vulnérabilité est au rendez-vous tous les samedis. La loi non.

B. D. B

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