Il ne pouvait pas être aussi mal tombé, mais il était là. Mohamed Seghir Kara est venu à la Maison de la presse apporter la bonne nouvelle. Les enseignants de tamazight de Bouira, en grève de la faim devant la Maison de la presse depuis quelques jours, venaient d’obtenir gain de cause et le député du FLN considérait qu’il était de son droit de venir plastronner sur les lieux. Ce n’est apparemment pas seulement un droit qu’il consentirait à partager avec d’autres, puisqu’il était convaincu qu’il était le mieux placé pour annoncer aux grévistes que leurs revendications venaient d’aboutir. Et l’ancien ministre du Tourisme, en la circonstance, était tout à la fois dans la peau de l’autorité venue dire à des contestataires que leur colère était légitime, que dans celle d’un opposant qui a soutenu leur action et contribué à ce qu’elle aboutisse. Pourtant, ni l’autorité ni l’opposition telle qu’incarnée par le FLN et Mohamed Seghir Kara ne se sont distinguées pendant ces quelques jours où des enseignants ont recouru à l’action ultime pour espérer annuler une décision prise dans la précipitation et qui aurait pu avoir de dramatiques conséquences sociales et pédagogiques. Quelle que soit la qualité qu’il puisse mettre en avant pour opérer sa descente, Mohamed Seghir Kara n’a pas mieux fait que voler au secours d’une victoire dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle n’est pas la sienne. Député de la circonscription de la colère, il a eu dans cette » affaire » un sombre statut d’intermédiaire qui lui permettait à la fois d’attendre sans grosse angoisse quelque issue malheureuse et d’agiter sans effort particulier le chiffon du triomphe dans l’euphorie du happy end. Le reste n’est pas si important. Les grévistes de la faim » vont être réintégrés dès demain dans la Fonction publique, en tant qu’enseignants ou en tant qu’adjoints de l’éducation « , a déclaré Benbouzid. Et vogue la galère! On pensait que ces femmes et ces hommes ont été démis de leur fonction pour permettre le recrutement de diplômés d’un bien meilleur niveau et voilà que c’est finalement pas nécessaire, puisqu’ils peuvent de nouveau se voir confier les cours de tamazight. Ou à défaut des postes de pions dans nos écoles, ce qui est apparemment la même chose. Mohamed Seghir Kara étant au souci pédagogique et à la promotion de tamazight ce que Errakwy est à la médecine, on ne saura sans doute jamais comment ces femmes et ces hommes ont été recrutés, ni pourquoi ils ont été virés puis repris. Venu à la Maison de la presse leur exprimer son soutien, Ferhat M’henni comptait aussi leur parler de la nécessité d’améliorer leur formation en se recyclant. Parce que c’est de son combat qu’il s’agit, il avait, lui, le souci de la performance pédagogique. C’est sans doute aussi pour cela qu’il n’était ni intermédiaire ni aux aguets d’une fin heureuse.
S.L.
Du coq à l’âne : les dirigeants et l’entraîneur du Widad de Tlemcen viennent de passer en conseil de discipline le joueur Abdellaoui, pour avoir provoqué un penalty et récolté un carton rouge pendant le match perdu face à la JSK. Pourtant, ce jour-là, ils ont bien crié au scandale et accusé l’arbitre d’avoir accordé un penalty imaginaire à l’adversaire et expulsé injustement leur joueur.