Une ville qui se “clochardise”

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Des bâtisses sans âme, destinées à contenir l’afflux des population — arrivées avec l’essor économique qu’à connu la région durant la même période — ont poussé comme des champignons. Des cités-dortoirs, dépourvues d’un minimum vital nécessaire à l’épanouissement des résidants, ont vu le jour dans les années 70/80 au niveau de certaines zones, en l’image de celle du “5-Juillet” appelée communément “Cité fantômes”, d’environ 150 logements, et construite sur le site de l’ex-cimetière, au nord-est de la ville, et quatre-vingt logements à la sortie Est, sur la route vers Aïn El Hammam. Parallèlement, d’autres cités ont été créées un peut partout sur le périmètre de la ville, cette urbanisation rapide, initiée par les autorités d’alors qui ne voyaient que l’immédiat, s’est faite aux dépens des terres à fortes potentialités touristiques voire même pour l’agriculture de montagne. Plus de sept (7) hectares sont ainsi transformés, comme en témoigne la zone d’activité d’Aboudid qui, ne porte d’ailleurs que le nom. Beaucoup d’encre et de salive ont coulé, mais aucune issue ne semble encore se profiler à l’horizon. Malgré cette disponibilité de terrain à l’époque, la ville de Fort-National ne connaît aucune transformation notable au point de vue architectural et urbanistique. En effet, depuis l’établissement du premier Plan d’urbanisme (PUI) qui aurait selon M. Hammadou, expert et ex-responsable des services techniques à l’APC dans les années 80, une durée de vie d’une dizaine d’années, et que au delà une rénovation s’impose dit-il encore, l’urbanisme à LNI devrait se définir d’une manière stratégique, et la commune doit avoir un impact direct sur le développement de son territoire.

L’investissement, le logement, le tourisme, l’industrie… ne doivent pas échapper au contrôle local, ajoute notre interlocuteur.

Malheureusement, le laisser-aller et laisser-faire qui ont prévalu dans la municipalité, notamment durant la dernière décennie, n’ont pas arrangé les choses. Les terrains communaux ont été la proie des spéculateurs qui ont trouvé leur compte avec le laxisme des autorités. Cependant, la loi 90-29 du 18 décembre 1990 qui détermine les modalités d’utilisation et de gestion du sol urbanisable et l’équilibre entre la fonction d’habitat et d’espaces verts, a permis l’établissement d’un nouveau Plan directeur d’aménagement et d’urbanisme (PDAU). Ce nouvel instrument d’urbanisme, approuvé en 1996 par les autorités concernées, vise en premier lieu la régulation du domaine public et l’aménagement urbain. C’est ainsi que des opérations d’identification des différents Plans d’occupation des sols (POS) auraient été lancées. Selon nos sources locales, des études seraient en cours, mais elles se heurtent d’ores et déjà aux litiges qui caractérisent le foncier dans la daïra de Larbaâ Nath Irathen. (Voir notre précédente édition). “Il faudra peut-être patienter encore quelques années pour que la situation du foncier et de l’urbanisme à Larbaâ Nath Irathen soit complètement rentrée dans l’ordre” conclut M. Hammadou. Espérons que les futurs élus songeront à mettre fin également à l’abandon des espaces verts en faveur des trottoirs, dont l’importance sur la qualité de vie du citoyen n’est plus à démontrer. Ne dit-on pas que le seul moyen d’assainir une ville, c’est son mariage avec la verdure !

S. K. S.

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