Quand Louiza Hannoune ne pensait pas encore avoir les capacités organiques de participer à une élection locale, elle tenait un tout autre discours que celui d’aujourd’hui. C’est qu’une élection locale suppose des militants en nombre suffisant, pour couvrir la totalité ou une grosse partie du territoire. Une élection où même un fichier organique bien étoffé s’avère insuffisant, du fait de la difficulté à trouver des femmes et des hommes suffisamment convaincus pour se mettre à la disposition de leur parti sans rien attendre en retour. Le Parti des travailleurs manque tellement de troupes qu’il s’est résigné, il n’y a pas si longtemps, à quêter une présence symbolique à l’Assemblée nationale où il était question de seulement assurer une tribune qui » ferait entendre la voix des ouvriers et des anti-libéraux « . A l’époque donc, il ne servait à rien de prendre des » risques inutiles « , en allant briguer des communes où le programme des travailleurs et des anti-libéraux n’avait aucune chance de se concrétiser, et gérer des collectivités d’où il n’y avait rien à tirer en matière de prestige et d’impact médiatique. Parlant de la majorité des APC, certains sont allés jusqu’à clamer publiquement qu’ils » n’allaient quand même pas gérer des institutions où il n’y avait que des problèmes et des crises à gérer » ; et Louiza Hannoune n’était pas loin de penser la même chose. Et elle est allée donc investir là où il n’y a ni crise ni problème, mais seulement » une voix à faire entendre » et surtout des privilèges qui présentent l’avantage de renflouer les caisses du parti et d’attirer des candidatures dans et en dehors du fichier organique. Beaucoup des salaires censés atterrir dans la comptabilité du PT se sont vainement fait attendre et » la tribune des ouvriers » a rarement brillé.
Recrutés pour être députés, une partie des élus a logiquement tourné casaque, n’ayant plus de raison de rester dans un parti qu’ils n’ont quand même pas intégré pour son programme et son discours !
Elle ne le dit bien sûr pas, mais Louiza Hannoune l’a compris, il fallait qu’elle opère son propre lifting et présenter des candidats moins prétentieux, puisque de toutes façons ce n’est pas tellement la qualité des hommes qui va déterminer le nombre de sièges qui reviendrait au parti. Et il a augmenté, le nombre de sièges, tellement augmenté qu’il a inspiré à un dirigeant d’un autre parti cette terrible méchanceté : » Je n’ai jamais vu un parti politique qui a plus de députés que de militants ! « . Mais le nombre de députés a surtout inspiré la patronne du parti pour d’autres ambitions. Puisqu’elle a été première à Alger et a réussi vingt-six sièges aux législatives, qu’est-ce qui l’empêcherait de rééditer le même score aux élections locales ? Maintenant que » le programme des travailleurs et l’alternative anti libérale » sont miraculeusement redevenus possibles, il suffit de s’y mettre. Surtout que le quota semble garanti et les candidats finalement pas si rares.
S.L.
Du coq à l’âne : Il s’agira bien d’élections locales le 29 novembre prochain. Pourtant, nous n’avons vu aucun candidat en campagne à la télé qui nous passe en boucle les chefs de parti qui, bien sûr ne sont pas descendus si bas pour postuler à la gestion des mairies.
L’ » innovation » ne vient donc pas de l’ENTV, contrairement à ce qu’on pourrait penser.