l Il était près de 17 heures lorsque, accompagnés du directeur de la culture de Bouira, Siham Stiti et le jeune chanteur Farid Sameur ont frappé à la porte de notre bureau. De passage à Tubirett, les deux artistes ont tenu à dire bonjour au responsable de la culture et à notre journal. La visite de courtoisie durera plus d’une heure. Nous n’avons pas vu la nuit tomber, tellement la discussion était agréable. Nos visiteurs se refusaient à parler de leur produit. Ils n’étaient pas là pour vendre quoi que ce soit. Il nous a fallu insister pour savoir que Stiti a un nouveau produit en chantier. Il en est de même pour le jeune Farid Sameur qui est en passe de produire son quatrième album.
Pour le reste, la discussion tournera autour de la ‘’vie’’. Le sourire ne quittait pas Siham. Elle avait cette classe et cette bonhomie qu’on retrouve chez Ray Charles.
Derrière ses lunettes noires, on devine de très beaux yeux et un regard lucide.
Siham abordera un sujet qui lui tient à cœur : insertion de l’handicapé dans la vie active. Elle a tenu à souligner : «j’ai horreur qu’on me dise meskint(la pauvre !) !».
Stiti refuse la pitié. Elle réclame les droits. «Le non-voyant n’a pas besoin de lunettes noires et de canne blanche, à chaque fois que l’on commémore les Journées mondiale et nationale des l’handicapés», s’insurge l’artiste. Elle expliquera avec des mots de cœur que le l’handicapé, quelque que soit son handicap, a besoin de dignité qui, forcément passe par l’insertion et le respect de la personne. Un respect qu’elle ne confond pas avec compassion. «Savez -vous que je n’ai pas le droit de signer mes chèques ! Savez-vous aussi qu’un handicapé doit à chaque fois renouveler son dossier pour bénéficier de l’aide de l’Etat !» s’indigne-t-elle. Terrible cette administration qui demande à un non-voyant de fournir périodiquement la preuve de son handicap.«Où est l’Etat?», clôt-elle sa colère, avant de reprendre le sourire, un sourire déterminé à vaincre la bêtise.
T.O.A.