Un artiste oublié

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Ali Yaddaden, un cerveau bien caché dans son petit nid, en Grande Kabylie, qui a tant donné à notre culture, mais qui n’a jamais rien reçu en retour. Ces quelques mots vont nous aider à le faire connaître un peu mieux. Dans sa région, qui ne connaît pas cette lumière ? Qui n’a pas entendu parler de lui et de son génie créatif ?

Qui ne parle pas de son savoir-faire ? Né en 1951, dans un petit village nommé Aït Djemaâ, dans la commune d’Ait Bouaddou, issue d’une famille d’artisans forgerons, il n’a pas eu une vie facile, car il a commencé à travailler dès son jeune âge, en aidant son père à subvenir aux besoins de sa famille, a hérité d’un don artistique indéniable. Son long chemin a débuté vers les années 1970/1980, créant des petites statues, en général représentant tout ce qui a trait à la culture berbère.

En observant sa grand-mère, il lui a créé une statuette, un vrai chef-d’œuvre, représentant l’image réelle de la femme kabyle : cette petite merveille, est le reflet d’une vraie femme combattante. Quand on regarde mieux, on comprend tellement de choses : “La vie de la femme berbère n’était vraiment pas facile, mais très dure”, un regard à la fois triste et dur, d’un seul regard on peut résumer que cette femme jouait le rôle de l’homme aussi, d’ailleurs on sait qu’à l’ère coloniale, c’est elle qui remplaçait son mari, quand celui-ci était en guerre.

Petit à petit, son génie a commencé à faire des miracles. En 1993, il a sculpté une statue de 2 mètres 50 symbolisant un martyr (moudjahid) au centre d’Ath Wacif. Une autre en 1995 à Tigzirt, ainsi que beaucoup d’autres partout en Kabylie. Ces dernières représentent le vrai combattant, guerrier, lutteur, prêt à donner sa vie pour que l’Algérie vive. Un air solide, un regard fixé sur un seul but : la liberté.

En voulant faire entendre sa voix, et dévoiler ses connaissances, dans l’espoir de servir notre richissime culture, il a fait plusieurs tournées aux quatre coins du pays, tout en organisant des expositions à Tizi Ouzou, Alger, Batna, etc. Afin de montrer aux Algériens son travail, sa lutte, ces efforts et leur faire comprendre que “notre richesse est dans notre savoir culturel”.

Il a été entendu, également par les auditeurs de la Chaîne II à plusieurs reprises. Cet artiste méconnu, est passé aussi à l’ENTV en 1998, dommage pour ceux qui ne l’ont pas vu, car il a expliqué aux téléspectateurs ce que signifie tout son travail, en essayant de les inciter à s’intéresser à l’art en général et à la sculpture en particulier. Une fois de plus, un grand artiste, tombe dans le monde de l’oubli, bien qu’il continue de créer, rien que pour l’amour de créer. Aujourd’hui, il a quitté notre pays vers d’autres cieux, il est parti afin de chercher d’autres amoureux de l’art. Souhaitons-lui une vie meilleure que celle qu’il a dans son propre pays.

H. Y.

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