“Syndicalisme enseignant algérien dans les années 60”

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Le maître de conférence en sociologie à l’Université de Paris 8, directeur de l’Institut Maghreb-Europe (Paris), animera une conférence-débat, cet après midi, à 14h30 au Centre culturel français d’Alger.

La rencontre, a annoncé, hier, l’attaché de presse de l’établissement, remplace celle de Philippe Joutard, reportée en 2008 pour des raisons de santé, a-t-il précisé. De « La voix des humbles » à l’APIFA (Association professionnelle des instituteurs français d’Algérie) et la SES (Section de l’enseignement secondaire), Les instituteurs et les enseignants qui ont exercé en Algérie ont toujours été présents dans les débats, aussi bien ceux qui tournent autour de l’école, de son rôle, de ses fonctions, que ceux plus larges qui touchent à l’évolution de la société.

De « loin des partis et des dogmes », leur position de « neutralité active » va progressivement, avec la montée du nationalisme et sa radicalisation, les engager dans les luttes syndicales et sociales. La scission syndicale qui a suivi la visite de Guy Mollet en Algérie en mars 1956 a engagé les différents courants dans des prises de position plus tranchées — Les enseignants algériens pour une grande part, vont rejoindre le mouvement syndical d’obédience nationaliste ; les instituteurs et enseignants partisans de l’Algérie française vont créer leur propre syndicat et leur propre revue et ainsi se radicaliser, passant d’un associationnisme affirmé à — pour un faible nombre d’entre eux — des dérives para-militaires ; cependant la plus grande partie des enseignants va privilégier l’engagement pédagogique et social (centres sociaux éducatifs) tentant, autant que faire se peut, de maintenir, dans le contexte de radicalisation de la guerre, un fonctionnement plus ou moins protégé de l’institution.

Ces engagements, qui se sont manifestés dans les dernières années de la guerre – après de multiples affrontements syndicaux – par un plus clair soutien à l’idée d’indépendance nationale, vont transmuter en solidarités actives et en implications socio-éducatives et pédagogiques dans la mise en place d’un système national d’enseignement.

La phase post-indépendance sera aussi marquée par des engagements multiples et variés touchant les différents ordres d’enseignement. Si elles apparaissent indissociables, les luttes corporatistes vont principalement s’adresser à l’Etat français, les exigences pédagogiques le seront à destination de l’Etat algérien notamment à travers deux volets : la formation de formateurs d’une part et la conception de supports et d’outils pour l’enseignement d’autre part. Nombre d’entre eux, notamment ceux en charge du secondaire et du supérieur, s’identifient au projet politique socialisant en construction dans les années 60.

R. C.

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