Participation en hausse, FFS en baisse

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Un succès de participation en demi-teinte. Quoique moins d’un électeur sur deux ait voté, le taux de participation dans la wilaya de Béjaïa se sera notablement accru par rapport aux précédents rendez- vous électoraux. 42,20 % des 470 426 inscrits se sont exprimés dans le cadre du scrutin municipal et 39,05% pour l’APW. On rappelle que les taux de participation étaient respectivement de 34,49 et 31,47 % lors du double scrutin partiel du 24 novembre 2005 et de 17,79 % à l’occasion des élections législatives du mois de mai dernier. La participation gagne ainsi près de 10 points comparativement aux partielles et 25 par rapport aux législatives. Pou ce nouveau scrutin de « proximité », on a « naturellement » plus voté APC qu’APW. On a, c’est aussi naturel, beaucoup plus participé dans de petites localités que dans les grandes. L’abstention s’avère être plutôt un phénomène urbain. Akbou et surtout Béjaïa ont très peu voté. Le spectre de la participation s’intercale entre Melbou ( 64,86%) et Béjaïa ( 21,45%). Le chef-lieu de wilaya en s’abstenant à près de 80% aura notablement tiré le taux global vers le bas. Conséquence attendue, l’électorat FLN a eu la part belle en réussissant à ravir une majorité toute relative : cinq sièges sur les vingt-trois mis en jeu. L’ex-parti unique est, c’est une donnée assez visible, le concubin naturel de l’abstention. Sinon l’analyse est des plus souvent malaisée. Le resserrement de la loi électorale et l’offre politique élaguée et ramassée qui en a résulté semble avoir conféré plus de visibilité aux candidatures et amener les citoyens à s’exprimer en plus grand nombre. Mais une lecture « intellectualiste » de ces résultats s’avère rapidement limitée. La tentation d’attribuer au FFS l’accroissement de 25 points du taux de participation par rapport aux législatives qu’il avait boycotté est des plus hasardeuses. Il faudrait, sinon, attribuer les 200 000 abstentionnistes au Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie. Dans ce lot, il pourrait sans doute y avoir la moitié d’ « utiles », c’est-à-dire qui ne se reconnaissent pas dans le menu politique servi à leur appréciation. Le taux gagne en fait 10 points par rapport aux partielles du 24 novembre 2005 où ce même FFS était en lice. S’il reste la première force politique de la wilaya, l’hégémonie du parti de Hocine Ait-Ahmed ne sort pas moins ébréchée par ce nouveau scrutin. De 19 sièges à l’APW, il passe dorénavant à 16. La crise est passé par là qui a fait perdre au FFS des personnalités marquantes à l’image de Abderahmane Benseba qui reprend les commandes de l’APC d’Akbou en indépendant. Le RCD talonne encore une fois le FFS en réussissant à placer 11 sièges à l’APW (contre 10 lors des partielles). Le FLN passe à 10 élus APW (contre 7 précédemment). Le RND confirme sa bonne santé électorale en réussissant à faire une toute première entrée à l’APW avec 6 sièges. Le MEN qui avait bizarrement ravi 4 sièges APW lors des partielles disparaît désormais de la circulation sans que personne ne se souvienne qu’il ait un jour existé. Idem pour les « indépendants ». La configuration de l’APW résume grosso-modo la cartographie politique de la wilaya. Celle-ci reste à nuancer par l’inclination que certaines individualités fortes peuvent conférer à des scrutins de proximité comme celui d’avant-hier. Mohand-Saddek Akrour résume parfaitement cette nuance en réussissant à donner la toute première municipalité de son histoire au très trotskiste PST. La liste indépendante inspirée par Meziane Belkacem surligne de nouveau l’hostilité à Alexo de la population d’Amizour. Le très radiophonique Djamel Benamara fait encore tenir bon le RND à Boudjellil. Etc.

Mohamed Bessa

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