Des milliards d’investissement et des visas à profusion

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Invité à donner sa perception de la relation algéro-française et le contenu concret qu’il pourrait lui donner, le Président français a laissé entendre qu’  » il aimait l’Algérie  » où il s’est rendu plusieurs fois. A ces yeux l’Algérie représente un pays-clé pour la France en termes humains et culturels mais aussi en termes économiques, énergétiques, de sécurité et de paix autour du Bassin méditerranéen.

 » Je me suis souvent exprimé sur ce sujet, je pense que nous devons nous tourner d’abord vers l’avenir, car les nouvelles générations, qui forment dans votre pays la grande majorité de la population, ne vont pas attendre que les adultes aient fini de régler les problèmes du passé. Ces jeunes sont une priorité pour le Président Bouteflika et ils le sont aussi pour moi  » a-t-il enchaîné.

Dans ce contexte, il compte à partir de la ville de Cirta s’adresser à l’ensemble de la jeunesse algérienne. Il expliquera que ces nouvelles générations  » ont besoin qu’on leur propose des projets concrets qui améliorent leur quotidien, qui leur donnent de l’espoir pour l’avenir « .

Pour lui, cela se passe par une formation de qualité qui leur donnera davantage de chances dans la vie, en ajoutant que  » c’est tout le sens de la Convention de coopération qui sera signée à l’occasion de cette visite.  » Au-delà de ce texte ambitieux, a-t-il dit,  » nous voulons poursuivre les coopérations concrètes dans le domaine de la formation. A ce sujet, il n’a pas manqué d’indiquer que les deux parties participent déjà à d’importantes actions de formation, comme l’Ecole supérieure des affaires d’Alger qui vient d’être reconnue comme la meilleure du continent africain et participeront à d’autres, comme l’Institut supérieur de technologie où la réforme des grandes écoles algériennes.

L’Histoire, la jeunesse et les sportifs..

Sarkozy notera que l’Algérie et la France doivent penser aux sportifs et aux plus jeunes auxquels il propose un programme d’échange de jeunes dans le cadre de la future Union de la Méditerranée.  » Le point de départ pourrait être une initiative franco-algérienne, que je voudrais appeler « 1000 jeunes pour l’amitié », a-t-il indiqué.

Comme il n’oublie pas de noter qu’il y a aussi l’Histoire, qui est là et continue parfois à s’interposer entre les deux pays.  » Il ne faut pas l’ignorer mais l’assumer  » en avertissant que cela  » demandera encore un peu de temps de part et d’autre, car il y a des blessures, des deux côtés, qui ne sont pas refermées.  » et d’enchaîner :  » On peut progresser et je suis sûr que, pas à pas, nous pourrons rapprocher notre lecture de l’histoire et réconcilier nos mémoires”. Sarkozy rappellera le fait qu’il, a lui-même, demandé de remettre les plans de pose de mines mais s’étonne qu’on ne l’ait pas fait plus tôt.  » Je suis prêt à voir si l’on peut aller plus loin dans ce domaine « , a-t-il assuré tout en rappelant au passage des dossiers de mémoires, comme celui de archives, sur lesquels, selon lui, il serait possible de progresser et  » on y arrivera, a-t-il affirmé, dès lors que ce travail sera confié à des experts, dans un esprit de recherche de la vérité, en évitant, de part et d’autre, toute approche idéologique ou toute instrumentalisation politique, comme cela est, malheureusement, encore parfois le cas.  » Il mettra en exergue que les deux parties doivent avancer sur du concret. Et le concret, pour lui, c’est aussi l’interdépendance énergétique afin de sécuriser l’approvisionnement du marché français et, du côté de l’Algérie, de sécuriser les débouchés et de préparer l’après-pétrole. A ce titre, Sarkozy se réjouit que puissent être signés, lors de sa visite, les contrats gaziers qui garantiront l’approvisionnement français jusqu’en 2019 et un accord de coopération nucléaire, que j’avais évoqué avec le Président Bouteflika avant même mon élection. Il a fait état aussi de contrats dont il espère la signature ou la confirmation qui pourraient ainsi représenter jusqu’à 7000 emplois directs supplémentaires en Algérie.

Sur la question de savoir comment aller vers un véritable partenariat économique, « le partenariat gagnant-gagnant », le chef de l’Etat français dira que les échanges entre les deux pays  » sont équilibrés et que son pays est prêt à aider l’Algérie à diversifier son industrie et donc ses exportations.  » Il soulignera, par ailleurs, que la France est devenue sur le plan de l’investissement, le premier investisseur hors hydrocarbures en Algérie et elle pourrait même devenir très bientôt  » le premier tous secteurs confondus  » grâce aux projets des grandes compagnies françaises. Il annoncera, à titre d’exemple, l’investissement de 1 milliard de dollars de Gaz de France sur le gisement de Touat et 1,5 milliard de dollars de Total à Arzew. Comme il confirmera, lors de sa visite, l’installation d’une usine de montage de tramway et une autre de montage de véhicules de lutte contre l’incendie.  » Nous allons également lancer un programme de « compagnonnage » entre PME françaises et algériennes, pour leur permettre d’investir ou d’exporter ensemble « , a-t-il renchéri. Pour lui, les investissements ne se décrètent pas et, en dépit de tous les efforts qui ont déjà été faits du côté algérien et des réformes qui ont été engagées,  » il y a encore beaucoup à faire pour lever certains obstacles et attirer les entreprises françaises « , a-t-il conclue.

Les visas seront systématiques

Invité à donner son point de vue sur la vision française qui tend à organiser  » une immigration choisie  » mais perçue comme une  » fuite de cerveaux organisée « , M. Sarkozy dira que l’immigration choisie est celle qui correspond  » aux besoins de la société et de l’économie française  » où même l’Algérie, selon lui,  » est confrontée à ce type de problématique “ et qu’il ne s’agit pas de permettre la fuite des cerveaux. Car, a-t-il fait savoir, l’immigration choisie peut aussi être une  » immigration concertée, qui répond à la fois aux besoins des pays d’origine et de destination. C’est dans cet esprit, a-t-il expliqué, que  » nous avons instauré une carte « compétences et talents » qui prévoit le retour de son bénéficiaire au bout de 3 ans, et qui est renouvelable une fois seulement, ce qui fait que celui-ci revient dans son pays d’origine pour mettre la compétence acquise à son service. Cette carte ne s’applique malheureusement pas, pour le moment, aux ressortissants algériens séjournant en France, qui relèvent d’une convention particulière, celle de 1968. M. Sarkozy dira que cette question pourra être discutée car les textes adoptés au lendemain de l’indépendance  » ne doivent pas restés figés « . Sur les 21 000 étudiants algériens en France, Sarkozy s’interroge, alors, combien reviendront travailler au pays ?  » Chaque année, 3000 étudiants supplémentaires sont inscrits dans les universités et il est difficile d’obliger ces étudiants à revenir chez eux s’ils ne le souhaitent pas ! « , s’est-il exclamé. A ce propos, il insistera sur le fait de leur proposer un suivi qui n’existe pas actuellement et ne relève pas principalement des autorité françaises, les informer sur les possibilités d’emploi en Algérie. La question de lever les obstacles existants dans la libre circulation des personnes a été également à l’ordre du jour. A ce propos, M. Sarkozy dira qu’il faut faciliter les échanges humains des deux côtés de la Méditerranée, sans pour autant ignorer  » l’existence d’une forte pression migratoire, dont témoigne le drame des harragas.”

L’objectif, pour lui, c’est de parvenir avec les autorités algériennes à  » une gestion concertée des flux migratoires.  » Les choses se sont améliorées de notre côté, avec l’ouverture du Consulat général à Oran en septembre dernier. La délivrance des visas étudiants fonctionne bien désormais, grâce à nos cinq centres pour l’enseignement en France. Enfin, nous avons développé les visas de circulation de longue durée, qui représentent actuellement le quart des demandes de visas (ce qui explique aussi la baisse du nombre de visas demandés et accordés, car il y a plus de voyageurs pour le même nombre de visas). Mais je veux faire plus.

Je veux que ces visas de circulation soient beaucoup plus systématiques pour les personnes qui ne présentent pas de risque migratoire, je veux qu’ils aient la durée la plus longue possible. Et tout cela, je le souligne, sur la base de la réciprocité, car il ne faut pas voir les choses dans un seul sens, Algérie-France, mais aussi France-Algérie”.

Interrogé sur ce que pourrait apporter l’idée de l’Union méditerranéenne pour aller vers un cadre de coopération qualitativement supérieur à ceux existant déjà, le Président français souhaite un nouveau souffle et une nouvelle impulsion à travers le projet d’Union méditerranéenne. Il reconnaît que depuis quinze ans, l’Union européenne a plutôt concentré ses efforts vers l’Est, et que les objectifs ambitieux du processus de Barcelone n’ont pas vraiment été atteints. Il s’agit, a-t-il expliqué, pour les pays riverains du nord et du sud de la Méditerranée de répondre ensemble, dans une  » véritable logique de partenariat d’égal à égal et non plus dans une simple logique d’aide au développement, aux immenses défis qui se posent à nous, afin de réduire enfin l’écart entre les deux rives de la Méditerranée.

Nacer O. M.

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