35 000 étudiants dans la rue

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D’ailleurs, à en croire les membres de la CLE, pas moins de 35 000 étudiants ont adhéré au mot d’ordre de la Coordination locale des étudiants qui a initié une marche en vue d’investir la rue, exigeant la satisfaction des revendication de la communauté estudiantine. Il était presque 9 h et demie, quand la rue du campus de Hasnaoua commençait à devenir noire monde. Des grappes d’étudiants affluaient de toutes les directions. Ils sont venus de Oued Aïssi, de Bastos, de Boukhalfa, de l’Habitat pour pour prendre part à cette action que ses initiateurs voulaient grandiose car, au préalable, un véritable travail de sensibilisation a été entrepris à travers les différents campus et résidences universitaires de la capitale du Djurdjura. A 10 h, soit une heure avant le coup d’envoi de la manifestation, des représentants d’étudiants, à l’aide d’un mégaphone, exhortaient les marcheurs à former des carrés et se mettre de façon à organiser la procession. Au devant de la marche, l’on a remarqué un grand emblème national porté par des étudiantes visiblement acquises farouchement aux revendications de la CLE. Peu de temps seulement après, une folle bigarrée a envahi sans discontinuité les lieux.

Il a fallu d’ailleurs beaucoup de tact et de sens d’organisation aux membres de la CLE pour contenir cette marrée humaine qui a déferlé sur les alentours du campus de Hasnaoua, devenant, dès lors, un endroit qui grouillait de monde avant même l’entame de la marche. A 11 h, moment du coup d’envoi de la manifestation, l’on a relevé une vingtaine de carrés qui arpentaient letement la rue, et avec des applaudissements et des youyous ayant fait raisonner les habitations mitoyennes à la rue Lamali. Les marcheurs, brandissant une trentaine de banderoles, scandaient haut et fort des mots d’ordre, exigeant, dans leur quasi-totalité, le départ ”immédiat et inconditionnel” de la directrice des œuvres universitaires de Hasnaoua. “ Pour une véritable université”, “ halte à la violation des franchises universitaires”, “ pour le respect des droits de l’homme” et “ A bas la répression, vive la liberté d’expression”, peut-on lire, ensuite, sur les banderoles déployées par les manifestants. Ni la pluie ni la grêle n’ont empêché les étudiants de poursuivre leur marche dans la sérénité et un climat pacifique. Devoir de mémoire oblige, les marcheurs ont tenu à observer une minute de silence en hommage aux martyrs étant donné que leur manifestation coïncide avec la commémoration des évènements du 11 Décembre. Après cette pensée à la mémoire des martyrs, la procession, bien compacte, a poursuivi son action vers le siège de la wilaya, en passant devant la Maison de la culture. Devant le point de chute de cette marche, Massinissa, un étudiant en biologie, également membre de la CLE, estime que “cette mobilisation est historique dans la mesure où on a réussi une marche grandiose. D’ailleurs, notre action a drainé plus de 35 000 marcheurs. C’est le fruit d’un travail de sensibilisation mené à travers les différentes cités et campus. Toute cette marrée humaine est venue pour dénoncer le malaise que traverse l’université, et principalement les agissements de la directrice qui a usé de violence pour répondre aux revendications légitimes des étudiants”, a-t-il ajouté, avant de poursuivre : “Il y a une volonté de destabiliser la mobilisation des étudiants mais rien ne nous empêchera de poursuivre la lutte pour une véritable université.” Avant que la foule ne se disperse dans le calme et sans le moindre incident, une commission composée de 12 étudiants a été dégagée pour remettre au wali “un document et une vidéo, démontrant l’agression dont ont fait dernièrement l’objet des étudiants à la cité universitaire de Hasnaoua I.” Les dires des membres de la CLE confirment amplement que la mobilisation estudiantine est intacte et peut s’élargir un vue bien évidemment de maintenir la pression sur les responsables à tous les niveaux, et ce, afin de se faire entendre.

Un autre représentant des étudiants enchaîne, d’ailleurs : “Nous exigeons un plan d’urgence pour l’université de Tizi-Ouzou et le départ pur et simple de la directrice des œuvres universitaires de Hasnaoua. C’est à partir de là que nous allons, ensuite, entamer un dialogue avec la tutelle, et à ce moment-là, on pourra parler de rétablissement de la confiance entre l’étudiant et l’administration”, a-t-il déclaré tout en précisant que le principe du blocage de l’université est imminent si la tutelle continue à faire la sourde oreille à l’égard des revendications de la communauté estudiantine. “Nous allons rentrer dans une grève illimitées quitte à aller même vers une année blanche”, menacent-ils. Par ailleurs, dans une déclaration rendue publique, la CLE fait état de “la gravité de la situation qui a caractérisé la rentrée universitaire 2007/2008 qui est un fait inédit dans les annales de l’histoire de l’université Mouloud-Mammeri de Tizi-Ouzou. L’usage de la violence par des agents de sécurité, à la solde de l’administration, à l’intérieur de l’enceinte universitaire pour mater les étudiants, n’est que l’illustration du seul recours de la responsable de la DOUH à l’égard des revendications légitimes des étudiants”. Dans le même document, ses rédacteurs remettent également sur le tapis le rejet de la réforme LMD. Et pour étayer leurs dires, ils estiment que ce système d’ensignement a, d’ores et déjà, montré ses limites avec “un taux d’échec ahurissant.” Evoquant le volet socio-pédagogique, le même texte souligne que les infrastructures de l’université de Tizi-Ouzou sont obsolètes tout comme les résidences d’étudiants sont surpeuplées de manière à susciter considérablement la galère des étudiants. Enfin, les jours se suivent et de ressemblent à l’université de Tizi-Ouzou, une institution en proie à un mouvement de protestation en continu.

A. H

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