le parisien
Au moins 62 personnes, selon les sources hospitalières, ont péri hier à Alger dans deux attentats kamikazes revendiqués par Al-Qaïda au Maghreb islamique. Un bilan revu à la baisse par les autorités.
UN CARNAGE ! Vingt-six morts selon Yazid Zerhouni, le ministre de l’Intérieur, soixante-deux selon des sources hospitalières, et 200 blessés. Un double attentat en plein coeur d’Alger revendiqué hier soir par la branche d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (l’ex-GSPC) dans un communiqué publié sur un site internet islamiste. Beaucoup d’éléments laissaient entrevoir l’origine de ces actes. La date d’abord, le 11, comme en septembre 2001 à New York, comme en avril dernier devant les bureaux du Premier ministre algérien. La méthode ensuite : des voitures piégées conduites par des kamikazes. Et des cibles, parfaitement identifiées : la Cour suprême, symbole de l’Etat, à Ben Aknoûn, et le HCR (Haut-Commissariat de l’ONU aux réfugiés) à Hydra. L’ONU, symbole de la présence étrangère, avait déjà été visée en août 2003 à Bagdad en plein chaos irakien.
» Nous ne sommes pas à l’abri des attentats de ce genre « , a rappelé hier Yazid Zerhouni. Pourtant, les autorités affirment que les terroristes ne sont plus qu’une poignée (quelques centaines) réfugiés dans des maquis que l’armée encercle et pilonne. Ces deux derniers mois avaient été marqués par une décrue spectaculaire des violences islamistes, avec » à peine quatre morts « , le mois dernier.
Un combat contre l’Occident
Un résultat obtenu par des opérations militaires de ratissage chirurgical, davantage de barrages dans les villes, une meilleure pénétration des milieux islamistes. Chassés de leurs montagnes, les jihadistes d’Al-Qaïda, qui veulent faire de l’Algérie la tête de pont de leur combat contre l’Occident, ont frappé un coup d’une violence extrême, histoire de démontrer qu’ils pouvaient pénétrer dans la capitale, que leur capacité de nuisance est intacte et leur logistique puissante. Et que ces irréductibles refusent toujours la politique de réconciliation nationale appliquée par le président Bouteflika. Hier, les Algériens ont renoué avec le spectre des années noires, la terreur aveugle qu’ils pensaient appartenir au passé, ces dix ans d’une guerre civile qui n’a jamais dit son nom. Et a fait 150 000 victimes.