Elle a récidivé en toute aisance en ciblant même des endroits où ne s’y attendait pas tout le monde. Même si les attentats perpétrés en Kabylie ne sont pas aussi médiatisés que ceux d’Alger, mais le fait a été certes relevé par de nombreux observateurs qui savent, peu d’explications ont été fournies jusqu’à maintenant sur la conjoncture sécuritaire que traverse le pays. Pourtant, la réponse est là, dans tous ses propos ici ou ailleurs.
“Ne cachons pas le soleil avec un tamis” dit l’adage populaire. La concorde civile et sa consécration en réconciliation nationale, même si elle a beaucoup apporté “ne font pas, dit-on, bon ménage, avec une critique même technique des effets du terrorisme intégriste”. En fait de critique, la situation semble plutôt orientée vers un débat d’experts dans lequel le terrorisme est un spécimen de laboratoire sans attaches idéologiques, sans ramifications politiques oy projet de prise de pouvoir. On en revient presque à la thèse de “l’égard” que la réconciliation saura vite remettre dans le droit chemin. Les propos des uns et des autres, à travers de multiples interventions que ce soient au niveau de l’armée ou de la société civile, si l’on en croit leur programme annoncé, restera aussi dans les limites très techniques de lutte militaire contre le terrorisme. Alors pourquoi tant de frais pour discuter sur le profit psychologique du terrorisme ou de sa pratique de massacre ? Si l’on remonte jusqu’à 2002, lors du colloque international sur la transnationalisation du terrorisme islamiste tenu à Alger, auquel des experts étrangers et des responsables militaires algériens avaient participé pour examiner les crimes du terrorisme, les dégâts causés dans la société et les moyens mis à mettre à l’œuvre aux fins de l’éradication, tel a été le programme proposé aux Algériens, alors que des centaines d’entre-eux continuent à tomber sous des bombes islamo-intégristes. Tous ces discours prononcés et qui se reprennent convenaient que l’Algérie en a fini avec le terrorisme et que son expérience fait à présent figure de cas d’école n’est qu’une vision, toute “la felue” si l’on ose dire, en somme condamnant les crimes des groupes sanguinaires—11 septembre oblige— mais pactise avec leurs moutons politiques. Tous ces propos sont peut-être des tentatives les plus pernicieuses d’amender l’intégrisme en tant que projet politique de toute la dimension de violence.
Les partis politiques démocrates et républicains, la presse et les citoyens, les syndicats libres, tous agressés, réprimés, avec hargne et diabolisés par une propagande sans scrupules au risque de diviser cette nation, les dispenses de prestige augmentent à un rythme inversement proportionnel à la pauvreté et à la marginalisation, cela fait l’impasse sur les hommes et les organisations qui sont à l’origine de la tragédie, ou peut-être plus précis à la réhabilitation historique et politique de l’islamiste. Il se place d’ailleurs dans l’après-terrorisme, comme si tout avait été dit, comme si nous en étions à l’heure de la rétrospective et de la théorisation.
A les voir (les islamistes) verser des larmes discursives sur le sort des “citoyens démunis”, on a l’impression que le pouvoir est empêché d’agir et d’initier des actes au gouvernement. Le pouvoir serait-il donc dans “l’opposition” et cette dernière au pouvoir ? Mais alors pourquoi adopte-t-il sans retenue la démarche du bulldozer pour garder ce pouvoir ? Revenons plutôt à l’actualité, même ce qui a été dit en est une. En Kabylie et à Alger les populations sont loin d’être dans le post-terrorisme. La guerre contre ceux que l’on étudie à grands coups de concepts hermétiques et de formules bien tournées a coûté la vie encore à une soixantaine de personnes et plus d’une centaine de blessés, parmi eux peut-être des handicapés à vie. Soixante deux vies donc perdues parce que les responsables politiques en place ont décidé que le terrorisme est fini et que les intégristes sont biodégradables dans le nouvel ordre politique que mijote le chef du gouvernement et chef du FLN, A. Belkhadem et consorts. Les compromissions politiques et l’inconvenance dans la stratégie de lutte anti-terroriste sont des facteurs ayant rendu certes la tâche difficile, eu égard à un environnement mondial hostile et parfois complice du terrorisme islamiste.
S. K. S.