Cet amateur de l’art abstrait et collectionneur des œuvres d’Issiakhem, M. Nachet a organisé cette rencontre avec l’Union nationale de l’art et de la culture ainsi qu’avec l’association “Djazair El Assima” afin de permettre au public de découvrir une série de tableaux originaux des œuvres de l’artiste.Sur les cimaises de la galerie Racim, plus d’une dizaine de tableaux sont exposés, montrant l’art abstrait, par lequel le peintre est toute de suite identifié. D’autres, œuvres relèvent de semi-figuratif. L’on aperçoit, d’ailleurs, tout au fond du hall, un très grand tableau représentant une maman qui porte dans ses bras un enfant et un vieil homme à côté d’eux. Issiakhem, nous le montre mais nous le confirme également pour nous donner sa vision des choses où il dit: « Je vis un moment concret. Et puis qui te dis que je ne suis pas raid ? Seulement voila : Mon peuple ne se sentira pas dans mon œuvre ». La majorité de ses œuvres, qui sont reproduits avec de la peinture à l’huile, aux couleurs pâles, généralement, celles qui dominent le plus, les couleurs jaune et marron.Vers la fin du côté gauche de la galerie deux tableaux « A » et « B », en face, un autre tableau qui s’intitule, La clé du bonheur, sont peints de signes amazighs.Le collectionneur a exposé également les peintures, « La Casbah », « Elle ou lui, le choix est fait », c’est « Sûr ma souffrance sert à d’autres », « Passé, présent et avenir », “La Gouba”, « L’ombre d’une révolution », « Gloire à nos héros », « Testament » et autres.Les thèmes de M’hamed Issiakhem sont des sujets de révolte contre la misère, la soumission, ainsi que l’identité.Ce peintre, particulier, qui a fréquenté l’autre monde intellectuel, celui de la littérature où il a connu le père de «Nejma», Kateb Yacine, s’est souvent exprimé par le verbe que par son art quant il débattait un sujet avec ce dernier, où il dira un peu plus tard : « Or, certains ont voulu imposer une orientation bien précise à la peinture. L’œuvre du peintre doit être celle de tout le monde. On a tellement subi d’influence qu’on n’a pas de personnalité. Quand Kateb Yacine parle d’ancêtre sur une de mes peintures, il ne finit pas le mot » inespéré » ; c’est qu’il lui restera toujours de l’espoir ».La complicité de ces deux illustres grands hommes défunts, de la culture algérienne les emmène chacun deux, à témoigner et attester l’autre, chacun de son côté. L’écrivain dira du peintre dans l’un de ses écrits qu’il habite un enfer où il faut faire feu de tout bois, et c’est lui-même qu’on voit brûler, d’un naufrage de l’homme, une vision de l’invisible et un signe arraché à la partie des morts. Il dira aussi : «Mais l’enfer où il vit est la plus belle des fonderies car, le travail avec la rage des fondateurs. Kateb écrit dans un testament que ce travail se fait par bonds, ou par sursauts imprévisibles ; un travail de volcan à l’intérieur de l’homme, pour qu’il puisse dire : « Je me suis fait moi-même, je reviens du néant, et j’ai lutté contre la mort, grenade contre grenade ».Et les écrits et l’art de ce peintre restent une école de références pour toutes les générations. Issiakhem nous a quittés est son nom et ses œuvres restent éternelles à tout jamais.
Fazila Boulahbal