Une autre saignée

Partager

Ainsi, cette dernière semaine est consacrée à l’achat du mouton. Jeudi dernier, il était presque impossible de se frayer un chemin entre les bêtes. Quant aux prix, ils varient entre vingt mille et quarante mille dinars. “On ne peut plus sacrifier une bête. C’est excessivement cher”, nous a dit un citoyen accompagné de ses deux enfants âgés respectivement de huit et dix ans. Et de dire : “C’est pour les gosses. Sinon, je n’égorgerai pas”. Comme notre interlocuteur, ils sont nombreux ceux qui pensent de la même manière. Un peu plus loin, un maquignon sans doute venu des Hauts-Plateaux avait au préalable fixé un seul prix : dix-huit mille dinars pour des quadrupèdes de même poids. Si de nombreux clients s’affairaient à chercher la bête qui leur convient, les autres fouinaient dans des ballots de friperie. En raison de la pauvreté et de la misère, c’est grâce à ces fripiers que leurs enfants ne sortent pas en haillons. Pour ceux dont la bourse est moyenne, le recours aux vêtements arrivés de Chine est inévitable. Lors de notre virée, il nous a été donné de constater que ce type d’habits est le plus prisé. “Un ensemble en jean pour enfants de huit à dix ans est cédé à moins de cinq cents dinars. Pourvu qu’on fasse plaisir aux bambins, peu importe le manque”, jete au passage un client à un autre. Cette année, les ménagères ne sont pas épargnées, tous les ingrédients pour les gâteaux ont subi des hausses considérables. De la farine aux œufs jusqu’à l’huile de table, tout a augmenté, si bien que les mères de famille se contentent de quelques gâteaux maison. Plus haut, rayon fruits et légumes, la fièvre des prix a commencé. Tomates à quatre-vingt dinars, poivron à cent-vingt dinars, voire cent-cinquante dinars, et la liste est enocre longue, alors que les prix des fruits ne sont pas à la portée de la bourse moyenne. Même les fruits de saison n’ont pas échappé à cette envolée. Oranges de première qualité à cent vingt dinars, la clémentine sans pépins à quatre-vingt dix dinars. Sur les trottoirs, toutes sortes de gadgets sont exposés à même le sol. Nous n’avons pas enocre vu les pétards. Ne sont-ils pas encore arrivés ou les vendeurs attendent-ils le dernier jour pour les exposer ? Le Mouloud sera un autre événement douloureux pour les porte-monnaies fragiles. Une misère qui ne dit pas son nom fait de grands pas dans la société.

A. O.

Partager