Farid Merhoum : « Il faut une complicité et une complémentarité entre la société et le pouvoir »

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DDK : Vous avez affirmé que la contestation garantit la continuité plus qu’elle n’engendre la rupture, voulez-vous expliciter un peu plus l’idée à nos lecteurs ?

Farid Merhoum : Selon Renegat Dessaut, les émeutes sont une coïncidence entre la société et l’Etat.Les deux sont à un même niveau ; la société a dit son mot par les émeutes. Après les émeutes, l’Etat avait pris des mesures concrètes notamment par la constitution de 1989 qui a consacré le multipartisme, la démocratie ou ce que j’ai appelé le « jeu de la démocratie ».Directement ou indirectement, l’Etat reconnaît à la société civile ses droits notamment économiques, politiques,…cette société civile, cet ensemble d’associations, cette Constitution n’ont pas empêché qu’ils se voient, quelquefois, avec l’Etat.

Après 1988, comment la société civile a-t-elle évolué ?

S’il y a des démocraties, il y a aussi des sociétés civiles. Chaque pays a sa propre démocratie. Elle s’est développée ça et là ; les blocages de la société civile se situent en son sein-même, au niveau interne. On constate qu’il y a attentisme; cela est dû aux intêréts personnels des leaders d’associations qui sont devenus des stratèges, des rationnels. Ils veulent participer avec l’Etat dans le bénéfice de la rente.

Quels sont les outils à donner à la société civile et les régulations à apporter pour enclencher le processus de changement vers la démocratisation ?

Pour moi, la question réside dans l’acteur qui décide cela. Est-ce que c’est l’Etat ou la société civile elle-même ? Parce que les leaders, les partis, sont conscients de la situation en Algérie. Ils connaissent la réalité sociopolitique du pays. Mais il y a une certaine réticence dans l’appellation des choses par leur nom.

Quelquefois on peut considérer le discours politique d’un ministre, mêmes des fois du Chef du gouvernement qui s’est interrogé, dernièrement, sur l’existence de la société civile.

L’ex-Chef du gouvernement, Mouloud Hamrouche, a affirmé que le changement devrait venir des deux parties, de la société civile et du pouvoir, qu’en pensez-vous ?

A mon sens, il faut qu’il y ait une complicité et une complémentarité. Il faut organiser « un complot » pour aller de l’avant. C’est l’idée de Djamel Guerrid qui dit cela dans un article publié récemment. En 1954 quand l’élite était en phase avec la société on a abouti au déclenchement de la Révolution qui s’est soldée par l’Indépendance du pays. En 1962, l’élite et la société se sont séparées. L’élite travaillait pour moderniser, développer, instruire la société, cette dernière travaillait sur elle-même.

Un dernier mot… sur le séminaire, peut-être ?

C’est une initiative fort louable, le thème de la société civile doit être abordé maintes fois et avec plus d’organisation.

C’est-à-dire permettre aux conférenciers de développer leurs idées et à l’assistance, étudiants et professeurs, de poser leurs questions et surtout diffuser les travaux à travers les médias, notamment la presse nationale.

Propos recueillis par : A. K.

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