Année jalonnée, hélas, de carnages que l’ex-GSPC produisait en recourant souvent à la tactique des bombes artisanales, relayée par d’autres attentats kamikazes.
A Tizi-Ouzou tout comme à Boumerdès, Alger, Batna ou Tébessa, la persistance d’actes terroristes a fait plus de 450 morts et des centaines d’autres blessés.
Les attentats – suicides du 11 décembre dernier à Hydra et Ben-Aknoun – avec respectivement pour cible dans ces quartiers huppés de la capitale, les sièges du HCR de l’ONU et du Haut conseil constitutionnel, ont ponctué cette violence islamiste, qui intervient à un moment où l’aile islamo-conservatrice du pouvoir continue d’attribuer, en dépit du bon sens une réussite à la politique de réconciliation nationale.
Se découvrant nue, sans défense devant ces assauts répétés de l’islamisme armé, la vox populi réalise qu’on l’a dupée avec une politique, ne servant en tout cas que les desseins électroralistes de ces promoteurs plutôt soucieux du partage de la rente.
En termes simples, toute politique de pardon ne fera encore que revigorer les hordes islamistes en cavale.
Début février 2007, la Kabylie enflammée
Le 13 février du même mois, peu avant l’aube, et ce, presque en même temps, sept communes de Tizi-Ouzou et de Boumerdès furent secouées par des attentats à l’explosifs. On y dénombrait, ici et là, au total, sept morts et une trentaine de blessés. Le gros des victimes a été recensé, ce jour-là, à Si-Mustapha, lors d’une attaque à la bombe contre la brigade locale des gendarmes, passant par là à bord d’une voiture, quatre personnes civiles dont une femme seront déchiquetées par l’engin meurtrier de forte puissance. L’attaque simultanée des commissariats de Mekla et de Draâ Ben Khedda ont fait aussi, dans le même temps, deux morts et plusieurs blessés graves.
Moins de trois semaines plus tard, d’autres attaques similaires se sont produites dans différentes communes de Bouira, Tizi-Ouzou et Boumerdès. La plupart d’entre elles ont été heureusement déjouées à temps.
Ciblant sur renseignements précis les maquis d’Amizour et d’Adekar, les forces combinées de sécurité ont, entre fin mars et début avril, abattus plus de 25 terroristes dont l’émir Souheil, originaire de Boumerdès. Dans cette wilaya, près d’une dizaine d’éléments du GSPC seront éliminés, suite à des offensives similaires ayant permis aussi la capture d’au moins de quatre terroristes. Mais le 11 avril, ce fut encore une fois l’horreur à Alger, à la suite d’un attentat kamikaze contre le Palais du gouvernement parallèlement à une attaque à l’explosif devant le commissariat de Bab-Ezzouar. Bilan du coup spectaculaire : près de 30 morts et une soixantaine de blessés. En ciblant Alger, de surcroît le siège de la chefferie du gouvernement, l’ex-GSPC aura donc montré sa force et son audace.
L’on craignait, alors, que la capitale pullule encore de réseaux islamistes prêts à exécuter les plans diaboliques d’El Qaïda.
Il est vrai que les limiers de la police judiciaire ont pu, au total, neutraliser en moins de six mois quatre principaux chefs de l’ex-GSPC – dont l’un tout récemment à Alger – pendant que l’armée ratissait sans cesse les anciens fiefs de l’islamisme armé. Mais la sécurisation de ceux-ci n’est guère parachevée, d’autant que la nébuleuse terroriste locale grossit à la moindre occasion ses rangs par de nouvelles recrues. Parmi les nouveaux enrôlés dans l’islamisme, par la ruse, ou la force, certains jeunes ont planifié, selon des informations recoupées, des attentats suicides. Comme ce fut le cas, en date du 11 juillet et du 8 septembre à Lakhdaria et Dellys. Les cibles diaboliquement choisies sont, ici et là, des casernes militaires. Il y eut, deux jours avant l’attaque contre la caserne de la marine à Dellys, un attantat kamikaze à Batna, quelques minutes avant le passage du cortège présidentiel. Au total, on recensait encore en moins de trois mois, 105 morts et plus de 200 blessés.
Presque quotidiennement en cette année 2007, l’on signalait des attentats à la bombe, des rackets à outrance et kidnappings avec rançon, particulièrement en zone semi-rurale de la Kabylie.
Et cette longue liste de victimes n’a point cessé de s’accroître, qu’entre fin septembre et fin novembre, moment où l’ANP avait engrangé d’autres exploits contre le terrorisme. Un semblant d’accalmie, avant la nouvelle flambée de terrorisme enregistrée au cœur de la capitale. L’opinion, outrée par ces désastres qui se ramassent à la pelle, espère une vraie mobilisation à même de renverser définitivement la vapeur.
Salim Haddou
