Le Brent s’est hissé le même jour à 98,50 dollars le baril. C’est un seuil jamais atteint depuis la création du marché de Londres. Les tensions au Nigeria, grand producteur de pétrole, l’instabilité politique au Pakistan, la baisse des stocks de pétrole aux Etats-Unis et l’insuffisance des capacités de raffinage sont, selon les spécialistes, les principaux facteurs à l’origine de cette flambée du baril de pétrole.
Comme on le sait, le maintien des cours du brut à un niveau très élevé constitue une bonne nouvelle pour le gouvernement en ce début d’année. Les hydrocarbures restent la principale source de revenus pour l’Algérie où le pétrole et de gaz naturel représentent en effet 98% de nos exportations. Les recettes pétrolières constituent plus de la moitié du PIB de l’Algérie qui a dépassé 100 milliards de dollars en 2006.
Pour sa part, Chakib Khalil a expliqué, hier, en marge d’une conférence sur la sécurisation des canalisations d’hydrocarbures, que la hausse des cours du pétrole « persistera jusqu’a la fin du premier trimestre 2008 ». le ministre de l’Energie et actuel président de l’OPEP, a estimé la hausse « va probablement perdurer jusqu’a la fin du premier trimestre 2008, pour se stabiliser durant le deuxième trimestre », M. Khelil a ajouté qu’une « stabilisation des cours au deuxième trimestre est probable ». Il a expliqué l’envolée actuelle des prix du brut sur les marchés internationaux par les tensions politiques au Pakistan, l’escalade des violences au Nigeria, premier de producteur en Afrique, et le recul des stocks de brut américains.
M. Khelil avait affirmé récemment ne pas exclure une augmentation de la production du cartel lors de sa prochaine réunion en février. « Je n’exclurai pas la possibilité d’une augmentation de la production si, bien sûr, les marchés le souhaitent, mais pour le moment je pense que nous avons suffisamment de réserves », avait déclaré M. Khelil en marge de la 5e conférence ministérielle euro-méditerranéenne sur l’énergie à Limassol, dans le sud de Chypre.
Il est à rappeler que lors de sa dernière réunion tenue le 5 décembre à Abou Dhabi, l’Opep avait décidé de maintenir inchangés ses niveaux de production, à 27,25 millions de barils/jour. L’OPEP avait annoncé une réunion extraordinaire le 1er février à Vienne pour réévaluer la situation du marché.
La récession se fait déjà ressentir en Europe comme aux Etats-Unis. La Bourse de New York a clôturé en forte baisse vendredi, affectée comme les places financières européennes un peu plus tôt par les plus faibles créations d’emploi depuis 2003 aux Etats-Unis, qui ont accrédité le scénario de récession de la première économie mondiale.
Le marché du travail américain a donné de gros signes d’essoufflement en décembre, avec 18.000 créations d’emplois seulement et un bond du chômage à 5% de la population active, des chiffres largement en deçà des espérances des économistes.
Le patron de Total, Christophe de Margerie, a déclaré sur la radio Europe 1 ne « pas beaucoup » croire à un recul des prix. « Quand vous avez une demande qui est forte et une incapacité d’augmenter les productions, je ne vois pas comment les prix pourraient descendre rapidement et fortement », a-t-il expliqué. « Il y a bien assez de réserves mais pas assez de capacités de production pour faire face à la demande », a-t-il ajouté. Le patron de Total a qualifié de « foudroyante » la hausse des prix depuis un an, qui a « bénéficié en priorité aux pays producteurs » et « un petit peu aux compagnies, qui ont besoin de cet argent pour continuer à investir ».Au regard de cette situation exceptionnelle, quelles sont les répercussions de cette envolée des cours du brut sur l’Algérie ?
Il faut savoir qu’une hausse des prix du pétrole d’un dollar rapporte à l’Algérie 600 millions de dollars par an. En supposant que les prix du pétrole du baril algérien établis en référence au Brent, la variété de pétrole de la mer du Nord — coté à Londres et non sur celui de New York — auxquels on ajoute une prime de qualité tournent en moyenne autour de 90 dollars en 2008, c’est un pactole d’environ 20 milliards de dollars supplémentaires qui serait récolté. Dans ce scénario, et si le niveau d’exportations d’hydrocarbures se maintient, les recettes du pays pourraient atteindre environ 70 milliards de dollars. Au cours des cinq prochaines années, ces recettes pourraient tourner entre 60 et 80 milliards de dollars.
Grâce donc à ce pactole, le gouvernement pourra tenir ses engagements sociaux cette année de subventionner les prix des produits de large consommation comme la semoule et le lait. Ces produits sont affectés par la flambée mondiale des prix de la matière première, poudre de lait et blé dur. L’huile de table est également sous forte pression : des producteurs comme Cevital ont demandé au gouvernement d’agir rapidement sur les taxes appliquées sur les matières premières importées pour éviter une hausse vertigineuse des prix des produits finis dans les prochains jours.
Ce niveau de recettes dont les réserves de change pourraient atteindre les 120 milliards de dollars, permettrait de financer aisément le restant du plan de relance dont l’objectif fondamental est d’améliorer les conditions de vie de la population.
Nacer Ould Mammar