Des jeunes filles exposent leurs travaux

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Ces jeunes filles, qui, hier encore végétaient dans le domicile familial, ont trouvé un moyen d’exprimer leurs sentiments à travers des travaux dont la plupart sont issus de leur imagination fertile. Toutes les modes sont représentées, chacune faisant référence à une région déterminée, avec un luxe de dentelles et un choix judicieux et approprié à chaque type de tissu. Les robes d’Aït Yahia, celles de Souama, de Mekla, d’Aït Khellili et celles de la région d’Aït Ghobri rivalisent de couleurs. Les plats traditionnels n’ont pas été oubliés : du couscous aux soupes et autres, chaque mets étant dans son ustensile réservé, ajoutant quelques retouches et quelques explications à chaque plat présenté. Quant à la broderie réalisée, c’est un luxe pour les yeux ! Ces demoiselles se sont données à fond, rivalisant entre elles, chacune ajoutant sa touche personnelle et régionale. Les cadres du présentoir reflètent les potentialités cachées de ces jeunes filles. La carte géographique de la commune de Souama est judicieusement étayée d’un décor chatoyant, cette carte jouxtant un tableau d’une sourate du saint Coran en lettres d’or.

L’association “Issegh” de Souama, la dénomination faisant référence au “prestige” se veut le cœur et l’âme d’une vaste activité alliant les cours du soir aux adultes – hommes et femmes – à la formation des jeunes filles en couture, broderie et peinture sur soie. Née en 1993 par la volonté de jeunes précurseurs de l’émancipation de la femme rurale, cette association a réussi la gageure de s’investir et de se positionner à l’échelle nationale par le biais de multiples activités culturelles et en relation étroite avec les autorités et les autres associations culturelles. La maison de la culture “Mouloud Mammeri” de Tizi Ouzou lui a toujours réservé une place privilégiée pour ses diverses expositions. Organisées en ateliers autour de formatrices diplômées, ses diverses activités ont fait bénéficier plus de quatre cent (400) jeunes filles auxquelles les portes des collèges étaient fermées. Les stagiaires inscrites viennent principalement de la commune mais aussi des communes limitrophes, à savoir Mekla, Aït Yahia, Aït Khellili et Illoula. Pas de restriction à l’inscription. Une seule chose réunit les éléments de cette ruche : la volonté de bien faire. La formatrice en couture, Melle N. D. Dahbia est catégorique : “Nos porte sont ouvertes à toutes les candidates, sans aucune condition”. Le président de l’association, B. Mohand, appelé à des fonctions électives, s’est déchargé de ses responsabilités sur les autres membres de son bureau, particulièrement A. Amar, secouriste de formation dans le cadre du croissant rouge algérien et omniprésent dans toutes les activités, secondé par des secrétaires (abeilles d’une ruche active). Des hommages à des artistes et écrivains (Hnifa, Saïd Boulifa et autres) sont à inscrire à l’actif de cette association qui refuse de se reconnaître des limites pour s’exprimer. Pour les lettrées une bibliothèque demeure ouverte en permanence, à charge aux membres de l’association de s’acquitter de l’inscription. De 1993 à 2008, beaucoup de choses ont été réalisées grâce à la bonne volonté qui “anime” les animateurs d’une association qui est parvenue à sortir de l’ombre et s’acquérir une renommée qui a franchi les frontières nationales.

Sofiane Mecherri

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