Baby-bombe

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Pourquoi des potaches boutonneux abandonnent brusquement les bancs des classes pour se déverser dans la rue en entraînant à leur suite les camarades d’autres établissements d’où ils ne ressortent qu’après avoir semé la casse et la désolation.

A cette question, personne n’a vraiment de réponse. N’interrogez surtout pas les profs, ils n’en savent strictement rien. Logique, sinon pourquoi en arriverait-on là.

Nos reporters reviennent des boulevards de Béjaïa où ces potaches promènent leurs subis accès de fièvre avec des réponses qui ne nous avancent pas vraiment. « On ne sait pas!», « C’est juste qu’on n’a pas envie de cours », répondent entre une grimace par-là et un geste obscène par-ci, ces fougueux manifestants.

Que scandent–ils ? Un tout-venant de mots d’ordres qui va du gentil « Vive le MOB » au méchant « CRS, chettahates » (CRS, les danseuses !).

Mais la jacasserie est davantage politique. Les « Djeich Chaâb maâk y a Hattab » (Avec Hattab) et autres « FLN, saraqine» (FLN, voleurs) prennent assez nettement le pas sur tout le reste. Ce n’est en l’occurrence pas la première fois que cela arrive. Au lendemain des attentats qui avaient ciblé le Palais du gouvernement, ces mêmes garnements avaient « spontanément » contre-marché en un flux inverse de celui tracé par les officiels lors de ce qui devait être un moment de dénonciation du terrorisme et de soutien à la politique de réconciliation nationale.

Le pouvoir qui entendait monopoliser jusqu’à l’initiative de l’indignation populaire en a eu pour ses frais. Il y eut, d’un côté, une certaine Algérie chloroformée pavlovienne et de l’autre, une jeune meute qui entend absolument marquer sa différence.

Entre ce moment-là et hier, les mêmes mots d’ordre. Hattab s’est entre-temps rendu aux autorités mais, eux, ne le savent pas et ils s’en f… comme de leur dernière cochonnerie.

Mais des potaches qui manifestent, ce n’est pas tous les jours que cela arrive. C’est surtout un moment de lecture précoce. Oui demain, ils seront davantage socialisés en se projetant non dans ce que le moment leur offre mais plutôt dans ce que l’avenir leur promet. Mais si l’avenir devait s’intercaler entre deux grandes lignes, on sait déjà, avec ces bruyants hommages à une figure de proue de l’islamisme armé, ce que représente la ligne « basse ».

Il faut apprendre à se méfier des « chahuts de gamins ». En Algérie plus qu’ailleurs sans doute.

Mohamed Bessa

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