La Dépêche de Kabylie : Quelle alternative préconise la Coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique pour la grille des salaires contestée ?
Meziane Meriane : L’alternative, plutôt les griefs retenues contre cette nouvelle grille des salaires. On a constaté énormément d’incohérences que ce soit par rapport à la classification que l’élaboration de ce nouveau salaire de base, mais aussi, vis-à-vis de la valeur du point indiciaire.
Concernant la classification, comme exemple des incohérences constatées: un bac plus 3 est à la 10e et bac plus 2 est classé à la 12e…! Donc pire qu’une incohérence, c’est une injustice que l’on demande de corriger. Deuxièmement, il y a le problème du nouveau salaire de base. Dès que l’on a décidé d’incorporer dans le salaire de base surtout de celui de l’éducation, trois primes assez conséquentes: ISS, ICR et l’UP représentant 12 000 DA, alors que l’ancien salaire de base représente 10 000 DA, cela signifie à l’évidence que l’on est en train de leurrer l’opinion publique en lui faisant croire que le salaire de base sera gonflé. Or voilà qui est complètement faux dans la mesure où si l’on divise ce chiffre par le nombre de points indiciaires : 458 points arrivé à 30,72 DA au lieu des 45 DA comme ils sont en train de le chanter…
C’est pour cela que nous estimons légitime notre revendication d’un indice à 70 DA qui satisferait tout le monde. En indexant l’indice à 70 DA, on ne fera que retrouver le salaire qu’on avait dans les années 90 qui était estimé à 500 dollars. On ne fera que corriger ce glissement.
Vous étiez président du Conseil national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Cnapest) avant de le quitter pour une autre nouvelle structure syndical, à savoir le Snapest. Quelles sont les raisons de ce divorce ?
Je vous avouerai une chose : ce n’est pas de gaieté de cœur que j’ai quitté le Cnapest, c’était pour des divergences profondes. Sincèrement, je ne désire pas y revenir. La plaie se cicatrise, laissant-là se refermer.
Concernant la nouvelle structure syndicale que je gère, Dieu merci, on est sur le terrain depuis déjà deux ans. Il y a une structuration à travers 39 wilaya du pays. L’organique actuellement est vraiment très satisfait, vu le nombre d’adhérents qui nous rejoignent chaque jour. On a décidé d’y intégrer la Coordination. On est parmi les initiateurs de la Coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique, depuis la première rencontre tenue à Dely Brahim le 19 septembre 2007. Cette dynamique nationale d’union de tous les syndicats est primordiale pour le Snapest.
Je remercie tous mes camarades de la Coordination qui m’ont placé à la tête de cette structure (le coordinateur est périodique). Nous avons l’intention d’avancer en rangs serrés, car l’union seule fait la force. En unissant les forces des différents syndicats, on peut créer une résultante, telle que démontré lors de la grève du 15.
Larbi Nouar, coordinateur du Cnapest, a accusé, lors d’une conférence de presse qu’il a tenue le 12 du mois en cours, la Coordination d’être pratiquement manipulée par l’Administration.
Quelles sont, selon vous, les motivations de pareilles critiques ?
Nul n’a le monopole du combat syndical, nul n’a le monopole des libertés syndicales. Mais la question se pose de savoir à qui profite un tel langage ? A qui par ces propos est-on en train de rendre service sinon aux pouvoirs publics ? En déclarant que tel syndicat, ou telle grève est illégale et dirigée, c’est vouloir faire échouer la grève ! Or si elle échouait qui en tirera les bénéfices sinon encore une fois les pouvoirs publics ? Ceci prouve donc que c’est lui-même qui est en train de jouer le jeu des pouvoirs publics, ceci d’une part.
D’autre part, l’on est en droit de se demander s’il a agi consciemment ou inconsciemment ? Quoique dans les deux cas, c’est très grave…En effet si les pouvoirs publics, cette fois ci, n’ont pas réagi pour casser la grève, ils ont trouvé par contre des sous-traitants, pour essayer de briser le mouvement des 12 syndicats de la Fonction publique… C’est malheureux !.
Qu ’est-ce que vous leur diriez ? Qu’à chaque fois que les syndicats autonomes perdent du temps à se tirailler, et se faire la guerre par presse interposée, ce sera toujours l’administration publique qui en tirera les dividendes.
Arrêtons la mascarade ! Un combat syndical est un combat noble… Respectons l’éthique syndicale !
Entretien réalisé par Nabila Belbachir
