La laie bernée (Thilefth itsoukelkhen)

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(3e partie)

Après avoir frappé plusieurs coups, n’obtenant pas de réponse du chacal, elle élève la voix et appelle ses petits. Point de réponse non plus. Le bourdonnement des mouches sur les peaux continue. Elle s’approche de l’enclos et appelle de nouveau. Personne ne lui répond. Assaillie par un doute lancinant, elle fait voler en éclats la porte de l’enclos. Devant elle, s’étalent sept peaux recouvertes de nuées de mouches bourdonnantes. Les petits ont été dévorés.Les pattes sciées, elle pousse un cri de louve blessée. Elle reste interdite quelques instants. Après avoir repris ses esprits, elle fonce tout droit vers la tanière du chacal et s’y engouffre dans l’entrée. Le chacal était à l’intérieur, à l’abri. Furieuse elle s’enfonce dans l’étroit boyau. Sûr de lui échapper, il n’est pas pressé, mal lui en prit. Elle saisit une patte de derrière et commence à le tirer vers elle. Le chacal, pris au piège, se moque d’elle et lui dit :«- Jida thet’ef az’arThghil d’-adhar !»( Dame laie s’est saisie d’une racine et croit qu’il s’agit de ma patte !).Croyant qu’il disait vrai, elle relâche la patte et à l’aide de ses dents se saisit de sa queue.Voulant la flouer une seconde fois, elle ne mord pas à son hameçon, elle tire de toute ses forces sur la queue qui finit par casser. Mais malgré cela, il réussit à lui échapper, tandis qu’elle reste coïncée. Elle ne pouvait sortir que d’un seul côté, le côté évasé. Avant que le chacal ne déserte les lieux, elle lui dit :«- Throuledh assagiAmmis-s n lah’ramThajah’limth ik’ atsa ghoriAnda throuh’edh ad van !(Tu as pu t’enfuir aujourd’hui fils du péché, j’ai ta queue coupée, grâce à elle je te retrouverai où que tu ailles, maudit !).»Ayant réussi à s’extirper de l’étroit boyau, elle va alerter toutes les bêtes pouvant lui venir en aide. Pour les attendrir, elle leur dit :«- Araou iou itchathen ouchenD’i sevâ yid’senOuid’ ivghan ay iâounenThajah’limth is theg’zem !( Le chacal a dévoré mes petits, ils étaient sept pleins de vie, ceux qui veulent m’aider à le tuer peuvent le reconnaître à sa queue tronquée !).»Tout le monde compatit à la douleur de la laie, et se met en chasse afin de débusquer l’insatiable carnassier. L’information arrive aux oreilles du chacal. Il est inquiet. Avec sa queue tronquée, il ne passera pas inaperçu. Pour se sortir de ce guêpier, il se cache dans sa tanière et réfléchit toute une nuit. A l’aube, il se rend dans une figueraie (ourthi) choisit thaghanimith lâli (figuier aux beaux fruits) appartenant à un paysan, et va chercher ses congénères, qu’il ramène au pied de l’arbre. Il grimpe sur une branche et leur tient ce discours :«- Ce figuier a des fruits magnifiques vous le voyez, je vous ai appelés pour les déguster, mais comme je vous connais, vous allez vous quereller. Si vous le faites, c’e nest fait de nous, le propriétaire nous aura chassés avant que nous commencions à manger. Afin d’éviter un fâcheux contre-temps, je vous propose d’attacher ensemble toutes vos queues autour du tronc de l’arbre, de façon à ce que nous formions un cercle. De mon côté, je secouerai le figuier pour faire tomber les fruits. Tout le monde mangera à sa faim, si vous suivez à la lettre ce que je vous dis !

Benrejdal Lounes(A suivre)

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