Alors qu’on croyait à une simple « chahut de gamins », le mouvement de protestation que connaissent les lycées du pays n’est pas près de s’estomper. Si l’on se fie aux actions de rue organisées, encore hier par les lycéens d’Alger, la grève risque de perdurer, voire d’aboutir à un véritable dérapage.
Les élèves des classes de terminale ont tout simplement tourné le dos aux assurances émises par leur tutelle.
De même, ils ont ignoré les menaces de Benbouzid. Dans sa déclaration d’avant-hier, le ministre avait indiqué que « les élèves qui continueront à faire grève seront sanctionnés et leur parents se verront convoqués ».
Hier, les élèves des trois lycées de Aïn Bénian ont investi tôt le matin les rues de la ville, afin de rejoindre leurs collègues des lycées d’Alger Centre. Durant toute la matinée, les élèves ont joué au chat et à la souris avec les agents de l’ordre, qui tentaient de les empêcher de rejoindre le centre de la capitale.
Après plusieurs tentatives de forcer le barrage de police dressé devant eux, au niveau de la rue Aliane-Ahcène, les protestataires ont rebroussé chemin. Quelques bousculades, de part et d’autre, ont émaillé ces tentatives de manifestation. Si ce n’était la sagesse qui a prévalu chez les lycéens, des échauffourées auraient pu intervenir.
Même topo au Ruisseau, les élèves des lycées limitrophes se sont donnés rendez-vous devant l’annexe du ministère de l’Education nationale afin de faire entendre leur voix. Ces élèves, qui ne décolèrent décidément pas, réclament plus d’assurances. Ni les garanties affichées par les ministère, ni même, les menaces de représailles n’ont pu faire fléchir ces potaches. Armés d’une détermination remarquable, certains élèves ont déclaré qu’ « un rassemblement national est prévu ce jeudi ». Dans le même ordre d’idées, ils ajoutent que « les lycéens d’autre wilayas, notamment de Kabylie et autres contrées vont rejoindre le rassemblement », dont l’objectif est d’assurer «un climat serein pour l’examen du baccalauréat ».
Battant en brèche les arguments présentés par le ministre, un lycéen s’interroge sur la manière dont les responsables comptent organiser un bac unifié.
Pour cet élève, « des enseignants ont préféré commencer par les leçons prévues, initialement pour la fin de l’année, tantdis que d’autres ont choisi de commencer selon le calendrier tracé par la tutelle ».
Ce qui constitue la pomme de discorde entre les belligérants. Pour sa part, le ministre qui s’exprimait avant-hier sur sujet, rassure les élèves que les sujets du baccalauréat ne porteront que sur les cours dispensées. La commission de suivi installée depuis septembre « se chargera du suivi de l’avancement du programme dans les lycées », a encore assuré le ministre.
Devant ce flot d’arguments et de contre arguments, la famille de l’éducation est mise face à ses responsabilités, à savoir trouver une issue salvatrice à ce problème qui persiste et qui risque d’avoir des conséquences fâcheuses, surtout que Benbouzid a jeté de l’huile sur le feu, avec ses maladroites menaces de sanctions. L’autorité n’est pas l’autoritarisme, notamment quand on à faire à des adolescents.
Mohamed Mouloudj