Les services de la répression des fraudes doivent accomplir le parcours du combattant et défier sur de longues distances, un réseau routier en pleine désuétude pour rallier Beni Mansour, ce petit village de 4 000 habitants situé 90 km à l’ouest de Béjaïa.
Ces paramètres de l’éloignement et de l’isolement pèsent de tout leur poids sur le cadre de vie des citoyens en proie à longueur d’année à la flambée des prix des produits de large consommation.
Certains commerçants sans scrupules exercent leur libre arbitre sur les prix comme bon leur semble. Les produits alimentaires de base sont les plus concernés par cette infernale valse de la cherté : le pain est affiché à 9 DA et le lait à 27 DA. Un yaourt est coté à 14 DA dans certains commerces et 15 dans d’autres. La situation échappe à toute règle ou contrôle, une stratégie sans doute pratiquée pour faire le plein de clients. Les légumes et les fruits sont hors de portée pour la quasi-totalité des habitants. La semoule oscille entre 900 et 950 DA alors que celle dite supérieure caracole, elle, entre 1 000 et 1 100 DA.
De quoi faire désespérer les clients lesquels sortent de leur réserve. “On se demande de quel droit le prix plafonné par l’Etat pour la semoule supérieure est-il dépassé ?” fulminent ces villageois au pouvoir d’achat déjà bien érodé.
On apprend en outre que pour faire face à un contrôle qui devrait être inopiné en théorie, toute une messagerie serait mise en branle par certains commerçants à partir de Tazmalt ou d’Akbou pour alerter leurs pairs de l’arrivée des inspecteurs, résultat : les contrôleurs auront la désagréable surprise de trouver en arrivant les rideaux baissés et les portes verrouillées à double tour. Cette solidarité et cette connivence entre ces commerçants constituent jusqu’ici un système de protection plutôt solide et une bonne raison de continuer à sévir sur les prix à la consommation qu’ils ajustent à leur gré et selon leur appétit insatiable.
Z. F.
