Une longue page d’histoire…

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Thala Rana est un point d’eau, comme son nom l’indique, situé à 1 400 m d’altitude sur le flan sud du massif de Lala Khadidja, le plus haut sommet de la chaîne de montagnes du Djurdjura avec ces

2 308 m. Thala Rana a été depuis le déclenchement de la guerre de Libération l’un des principaux PC de la wilaya III où séjournaient régulièrement les colonels Amirouche, Ouamarane, Mira entre autres officiers le l’ALN, une région qui a connu de hauts faits d’armes et où sont encore visibles les traces de terribles et innombrables batailles. C’est à proximité de ce PC que sont tombés au champ d’honneur des centaines de Moudjahiddines, parmi eux Malika Kald et le colonel Salah Zaâmoum, non sans avoir causé d’énormes pertes aux troupes de l’armée coloniale qui se rabattaient à chaque défaite sur les populations civiles des villages Imezdhourar, Illiten, Ath Hammad, Ivelvaren, Iouakouren, Aggache, Saharidj et enfin Ighil Hammad, des villages totalement acquis à la cause nationale et sur lesquels l’armée française vengeait ses morts par des exécutions massives, sans distinction d’âge ou de sexe. C’est une région qui a vécu dans ses chairs et ses bien la politique de “terre brûlée” dans toute son horreur. L’emplacement de charniers et de tombes collectives sont encore visibles au cimetière Thaïda Lamssara dans la périphérie de l’actuel chef-lieu de la commune de Saharidj. Les batailles d’envergure qui ont marqué à jamais les esprits sont celles de Ichoue Oumahroum (le pic du lion) Izerouel, Idhkhou, Ighzer Iouakouren, Thissighit, Imghouzen. Pour certaines, elles ont duré plus d’une semaine vu que l’armée française s’est retrouvée confrontée à une véritable armée bien organisée et bien équipée et qui lui a fait subir de cuisantes défaites. Le PC de Thala Rana est aussi le tribunal du FLN où étaient jugés les traîtres, les prisonniers français ainsi que tout autre conflit entre citoyens.

L’avantage du PC de Thala Rana est d’abord sa position stratégique imprenable et qui offre plusieurs issues de replis ; ensuite, elle est située à mi-chemin entre le PC de l’Akfadou et celui de Haïzer, ce qui a rendu possible une liaison permanente et rapide ainsi qu’une entraide facile en matière de ravitaillement et renseignements. Cette région, où sont implantés ces trois PC, n’a jamais été totalement occupée par les forces coloniales en raison de son relief extrêmement accidenté, rocheux, truffé de grottes ainsi que de vastes étendues boisées et parsemées de sources et points d’eau. Ils sont rares les Moudhahiddines des autres wilayas qui n’ont pas transité ou séjourné par ces trois PC légendaires. Malheureusement aucun livre de l’histoire contemporaines ni encore moins des organismes tel que l’ONM ou ONEC n’ont accordé un quelconque intérêt à ce lieu historique riche en évènements révolutionnaires, mises à part quelques stèles commémoratives loin d’offrir le moindre repère concernant la farouche résistance opposée par nos valeureux martyrs à une force d’occupation qui n’a lésiné ni sur le napalm- les obus 120- ni encore moins sur les exécutions sommaires et massives, en passant par la torture et la persécution. Dans une tentative désespérée d’isoler les moudjahiddines, faute de pouvoir les déloger, l’armée coloniale a procédé à la destruction systématique des villages précités et l’évacuation des villageois qu’ils ont regroupés dans des camps de concentrations, parqués à l’état animal, des camps confiés aux sinistres SAS (services administratifs spéciaux) dont chacun était équipé d’un centre de torture et de détention. Des citoyens qui ont transité par ces centres gardent encore des séquelles visibles qui ne diffèrent en rien de celles ou ceux qui ont séjourné dans la sinistre villa Suzini, sur les hauteurs d’Alger.

Omar S.

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