“Etsuts” ou le retour de Lani Rabah

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La nouvelle œuvre est composée de six titres, à savoir “Nemkhalef” (l’incompatibilité), “Sedsiyid” (console-moi), “Etsuts”, oublie-la, “Ayen idyqimen” (le grand vide), urgigh Aseni” (le jour n’arrivera jamais) et enfin Tamurt U Signa” (le pays des ténèbres).

Fidèle a son propre style, Lani Rabah s’inscrit dans la continuité dans cette nouvelle production. Ce sont des chansons à texte, avec l’agréable composition musicale variant entre la mélancolie et la tendresse.

El khatriw etsuts mulac tesâav tagara

Aqli a mu mahvus feli teghlek ti bura

Hullf agh el ehd-iw yenkes

Sligh u uliw mi d yennagh

Snassel u cuden seghress

Dunith laâmar win turgagh

Arayiw a ya fessas

A loughven uk du suhiw

Ur da keligh da âassas

Ighelvik wiliw u k d iukhrw

A bunk di levhar tulas

Aken ag dafen el mektuv-iw

Tagharkem mi t âaedam kulas

Teglam s cvah temziw

A rayiw zigh kec da messas

Ur decligedh di tudartiw

I tevghid zigh tsi kerkass

Ma kagh di tecebi hed u wlaniw

Bezzaf t sha ed temziw

ô cœur oublie-la avant que les choses ne s’empirent

Je suis semblable à un prisonnier derrière des barreaux

Je me sens dépourvu de mes forces

J’entendu le cœur qui s’écrie :

Défonce ces chaînes qui t’accablent

N’attend point, le temps s’épuise vite

ô raison tu es si frivole

Malheur tristesse, aveugle passion

Tu as échappé à ma vigilance

J’été aveuglé par le cœur et l’orgueil

Tu t’es laissé perdu quotidiennement au large de l’océan

Pour te faire rencontrer avec ton fameux destin

Vous m’avez noyé lorsque, vous avez dépassé les bornes

Avec pour victime la jovialité de ma jeunesse

ô raison tu n’es que ma pire rivale

Irresponsable, insensible pour mon bonheur

Tu ne me tends que des traquenards

Tout est leurre dans ce que tu m’affiches

Tu as rendu fugitive ma tendre jeunesse

C’est ainsi que chantait de l’un des passages, Lani Rabah dans sa chanson phare “Etsuts”. La poésie de cet artiste qui se distingue est bien cousue pleine de matéphore et de sens. En plus de sa voix rocailleuse il jouit d’une frappe musicale propre à lui. Son style est une recette résultante d’aires musicales multiples.

C’est ainsi qu’il oscille entre le chaâbi, le folklore, le moderne, le country music et le gnawa et même le Targui, pour donner naissance au style dit “Lani”. Comme la plupart des artistes éprouvés, l’artiste s’est adonné à la poésie lyrique, sur fond d’une voie plaignante et d’aire musicale sensationnelle. Dans “Tamurt U signa” (Le pays des ténèbres), le chanteur évoque le marasme et la misère socioéconomique que vit la société profonde. Il interroge le sage pour nous indiquer la voie pour sortir du labyrinthe de la misère et aller à la rencontre de la paix, de la liberté, dignité et de l’amour. Dans la réalisation de cet album le chanteur a été entouré de professionnels connus dans le milieu artistique entre autre Djellas, Ouhemou, Naït Ali etc.

La nouvelle œuvre est une réussite certaine et elle marque ainsi le second souffle et le grand retour de Lani Rabah sur la scène artistique après une brève absence.

Mourad Hammami

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