Ce que pensent les Algériens des travailleurs chinois

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Au nombre de 40 000, on les aperçoit par groupes sillonnant nos villes pour faire leur marché ou bien en promenade. Les immigrés chinois ont investi notre pays ces cinq dernières années et ce, en qualité de travailleurs qualifiés.

Face à cet état de fait, les Algériens ne cessent de manifester leur hostilité envers cette main-d’œuvre venu spécialement travailler sur les grands chantiers et combler ainsi un manque criant en matière de main-d’œuvre compétente et surtout respecter les délais de réalisation par un travail ponctuel en un laps de temps assez court et ce en assimilant qualité et ponctualité. Lors de notre descente dans les rues d’Alger nous avons tenté de connaître l’opinion des Algériens face à la vague de Chinois qui envahissent nos rues ainsi que les opinions des Chinois eux-mêmes pour être au fait de leurs conditions de séjour sur le territoire national. Entre admiration, hostilité, racisme et xénophobie les Algériens se prononcent.

Nous nous sommes d’abord rendus dans les quartiers avoisinant les chantiers où ils travaillent afin de tenter de cerner les réactions des gens, après avoir dévoilé notre identité, plusieurs personnes ont voulu nous livrer leurs opinions, Mehdi un chômeur de 27 ans nous dira  » ils nous prennent tout le travail qui nous était destiné. Quand ils ont inauguré ce chantier on attendait avec impatience que le patron affiche une liste pour un recrutement, en vain, après s’être rapproché des lieux, les responsables nous ont fait savoir qu’ils ne recrutaient pas des Algériens sans plus de détails, après quoi on a vu des groupes de chinois débarquer sur les lieux et en plus ils mangent devant nous en plein ramadhan ajoutant à cela le bruit qu’ils provoquent la nuit lorsqu’ils se soulent. Moi personnellement je ne les aime pas trop « . Le témoignage de ce jeune n’est qu’un échantillon parmi une vague de contestataires qui, en plus, les provoquent quotidiennement en leur lançant des  » chnaoua  » ou « les mangeurs de chats « . Ces appellations nous renseigne bien sur la réalité et l’envers du décor qu’offrent les visages radieux de ces Chinois. Un autre nous parle du non respect des traditions religieuses du pays en ajoutant plus loin  » comment peut-on faire appel à une main-d’œuvre étrangère alors que l’Algérie souffre de 32 % de taux de chômage c’est aberrant et en plus les Chinois sont payés le triple que les Algériens ainsi ils perçoivent 42 000DA alors que les ouvriers algériens perçoivent 18 000DA « . Les Chinois commencent à susciter un vrai débat au sein de la société algérienne et surtout font face à des insultes et parfois même des agressions physiques. Pathétique réalité pour une Algérie déjà coupée du monde et isolée du marché mondial où la xénophobie a pris le dessus sur le soi-disant légendaire accueil des Algériens, une tradition bien sûr erronée vu le nombre d’étrangers déjà peu nombreux, qui se sont vu soit agressés ou bien délestés de leurs objets de valeur ainsi que des obscénités lancées à leur égard. Plusieurs vols ont été signalés sur des chantiers chinois et ont été rapportés par les organes de presse après que les responsables de ces chantiers ont signalé des disparitions d’objets et les traces laissées par les combrioleurs comme le grillage qui a été cisaillé. Pour le responsable algérien d’un chantier  » le problème réside surtout dans la nouveauté,car les Algériens ne sont pas habitués à ce genre de personnes qu’ils ne voyaient que dans les films et ce, parce que c’est la première fois, depuis longtemps que l’Algérie fait face à une immigration étrangère massive et le problème c’est qu’on ne savait pas comment la société allait réagir surtout après son enfermement pendant plus de dix ans durant la décennie noire. Concernant les conditions d’hébergement elles sont assez acceptables vu le nombre des ouvriers et la supériorité des salaires comparé à ceux des Algériens, elle s’explique par la qualité de travail réalisée par les ouvriers Chinois, leur ponctualité ainsi que le nombre d’heures effectuées « . D’un autre côté les chinois se plaignent de beaucoup de choses à commencer par les conditions de travail ainsi que d’hébergement chez des employeurs algériens et surtout le racisme un Chinois qu’on va appeler (Chen Yang) s’est livré à nous sans complexe avec un français un peut hésitant  » vous savez même dans les cafés et les restaurants on est moins bien servi et des fois on attend plusieurs minutes sans qu’un serveur daigne nous servir. Un jour j’ai été frappé par derrière par un enfant qui me faisait des signes racistes « ,un autre nous raconte sa mésaventure  » un chauffeur de taxi nous a déposés à une dizaine de kilomètres et ce, la nuit avec une course qui nous a coûtés le double que d’habitude en nous lançant à la figure vous avez l’habitude chez vous.” Ces différents témoignages nous renseigne bien sur la gravité de la situation endurée par ces immigrés qui viennent en Algérie pour construire les projets de demain que ce soit des complexes, des infrastructures ou un projet pharaonique comme l’autoroute Est-Ouest. Mais le fait nouveau, c’est les clandestins qui sont exploités par des sociétés privées algériennes à un coût dérisoire ce qui mène à un nouveau phénomène qui s’appelle  » le surmenage au travail  » et qui fait des dépressifs. Ils vivent souvent dans des conditions de peur et de méfiance et ces derniers temps, c’est l’Etat qui se méfie de la nouvelle tendance du marché du textile envahit par les Chinois ainsi que le marché informel et qui s’inquiète de plus en plus de l’impact de la présence chinoise dans ces domaines si sensibles surtout celui du trabendo. En effet, ces derniers temps on remarque de plus en plus de Chinois installés ici et là sur les trottoirs en vendant toutes sortes d’objets et parfois ils contrôlent des pans entiers du marché informel.

Ainsi ces Chinois censés être le vecteur des grands chantiers algériens ainsi que le super-projet de l’autoroute Est-Ouest se voient de plus en plus traités de manière indigne d’un étranger venu participer au boom économique de l’Algérie et ce, face à l’absence d’associations culturelles ainsi que SOS racisme et l’indifférence totale des pouvoirs publics. Alors une question reste posée: comment l’Etat algérien veut-il se lancer dans le tourisme s’il n’arrive même pas à assurer la sécurité de quelque travailleurs venus aider l’Algérie dans sa quête de mondialisation ?

Merbouti Hacene

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