Cela se passe dans la partie Sud-Est, dans la daïra de Bordj Okhriss où les programmes de reboisement sont les plus étoffés. En plus des plantations forestières (reboisements et fixation de berges) financées par le Projet d’emploi rural depuis 2004, la wilaya de Bouira a bénéficié, dans le cadre du programme concernant les Hauts Plateaux et pour le même territoire (daïras de Sour El Ghozlane et Bordj Okhriss), de 2 500 hectares de reboisement et 600 hectares de fixation de berges. À travers ce programme, la Conservation de Bouira compte, apprend-on auprès de ses responsables, réhabiliter le tissu forestier de la wilaya par la reconstitution des anciens massifs dégradés par le feu et les défrichements.
Dès que les marchés étaient signés et notifiés aux entreprises de réalisation, les chantiers ont commencé les travaux de préparation du sol (ouverture des trous de plantation). Aussitôt, une levée de boucliers s’enclencha, particulièrement dans les communes de Mesdour et Taguedite, animée par des riverains qui ont squatté ces lieux pendant des années au profit de la pratique céréalière. Chaque jour, les agents forestiers de cette région se sentent dans l’obligation de déployer une débordante énergie pour mener une action pédagogique avec les ‘’opposants’’ au reboisement et une action de défense du patrimoine public lequel se trouve à la jonction de l’économie et de l’écologie.
En effet, les atteintes au patrimoine forestier sous ces latitudes a atteint des proportions inquiétantes d’autant plus que les vastes espaces dénudés des Hauts-Plateaux sont à un jet de pierres d’ici. La wilaya de Bouira subit une sensible désertification sur son flanc Sud. C’est l’une des wilayas du Nord d’Algérie où il existe des communes qui ne possèdent aucun hectare d’arbres forestiers (exemple de la commune de Maâmora).
Les actions menées par le HCDS (Haut Commissariat au développement de la steppe) dans cette zone sont plutôt tendues vers des plantations fourragères-lesquelles non plus ne sont pas épargnées par la destruction par broutage précoce ou par d’autres moyens plus pernicieux-, la mobilisation des ressources hydriques, l’élevage et même l’énergie solaire.
La stabilisation des sols d’une façon durable ne peut être réalisée que par des plantations forestières, action qui revient naturellement à la Conservation des forêts de la wilaya. Sauf que, au rythme des oppositions de planter dans des terrains domaniaux lesquels, il y a moins de huit ans, faisaient partie des massifs forestiers, le programme de l’administration des forêts risque d’être compromis. Sur un objectif de 3 000 hectares fixé pour la campagne en cours, le bilan des réalisations arrêté à la fin janvier ne dépasse pas 1 000 hectares. Théoriquement, il reste un peu plus d’un mois (jusqu’au 21 mars) pour clôturer la campagne. Cependant, la sécheresse régnant depuis le début du mois de janvier n’est pas faite pour arranger les choses.
Aux indus-occupants des terrains domaniaux qui s’opposent physiquement à l’action de reboisement (en arrêtant les entreprises de réalisation qui ont mobilisés des centaines d’ouvriers), la Conservation des forêts a proposé la plantation de bandes d’arbres fruitiers (des oliviers par exemple) autour de leurs bourgades. On ne sait pas exactement quel sera l’effet d’une telle proposition pour une population qui tient surtout à perpétuer son activité ancestrale, la céréaliculture, une activité qui exige de grandes superficies et qui ne cesse de s’étendre au détriment du couvert forestier de la wilaya dangereusement amputé de ses meilleures parcelles. Une partie de ces exploitants illégaux ont été, par le passé (début des années 90), poursuivis en justice par l’administration des forêts, mais les décisions n’ont jamais été mises à exécution, particulièrement celle portant sur la remise en état des lieux. Enhardis par une forme d’impunité, ils accélèrent défrichements, destruction des bornes cadastrales et labours au moment où, pendant la ‘’décennie rouge’’, l’Algérie était à feu et à sang.
Après la fin de la campagne de plantation et au vu des bilans qui en auront été tirés, la Conservation de Bouira compte faire remonter le dossier à la DGF (Direction générale des forêts) pour un examen plus approfondi.
A.N.M.
