“Cambiste”, entre gain facile et risque majeur

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La technique est des plus simples qu’on puisse imaginer : une vingtaine de millions de centimes en coupures de 1 000, 500 et 200 DA dans les poches, une minuscule calculette et le tour est joué ! Petit cambiste deviendra grand !Hérité de la pure tradition italienne de la “cambista”, le change parallèle a fait depuis quelques années dans notre pays des émules et des adeptes transformés en l’espace de quelques mois d’activité en véritables professionnels. Ce genre d’activité, rentré dans nos mœurs par la grâce d’un ayant perdu le contrôle du marché de la devise, consiste à effectuer les opérations de change et de conversion des principales devises contre la monnaie locale.Officiellement interdit par la loi, mais plutôt toléré, le cambisme se pratique au vu et au su de tout le monde parfois même sous les yeux des policiers et autres agents des services de sécurité qui ne semblent guère préoccupés par les tenants et les aboutissants de ce trafic sans limite.Dans les grandes villes le change se pratique sur les places publiques, les grands boulevards, les jardins publics, dans quelques cafés et autres grands hôtels. A la campagne, c’est à l’intérieur même de la banque ou à proximité de celle-ci que les agents cambiaux, exhibant des liasses de billets, sont aux aguets et à l’affût de l’ombre d’un “pigeon”. Leur technique, peu orthodoxe certes, s’apparente plutôt à un racolage en bonne et due forme se pratiquant sur le périmètre d’un terrain de chasse situé généralement à proximité des agences bancaires. Les transactions, dont ils excellent, vont de la conversion pure et simple à des taux dont eux seuls détiennent les clefs du secret, aux transferts virtuels d’un compte à un autre monnayant une majoration que payeront ceux qui veulent se faire délivrer des attestations en devises afin de compléter un hypothétique dossier de demande de visa, en passant par la vente de simples formulaires vierges que la banque devrait mettre à la disposition de ses clients, mais qui, curieusement, sont indisponibles. C’est ainsi que le feuillet servant à effectuer des transferts d’un compte à un autre est écoulé à … 200 DA.Puis, nonobstant le profit qu’on peut tirer, ces agents de change exercent en réalité une activité à très haut risque, car ils représentent des proies faciles et alléchantes au yeux des malfaiteurs qui surveillent tous les gestes de ces véritables convoyeurs de fonds exerçant sans aucune protection et qui s’apparentent à des banques ambulantes.Ces clandestins du change amassent certes des fortunes, mais encourent des risques énormes, car le plus anodin de leur mouvement les expose au lynchage et à l’agression.C’est le prix à payer pour avoir le gain facile mais… le risque demeure intact.

A. M. A.

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