»Azul ya sidi berzidan ! »

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Ait R’gad, mercredi 23h 54. Sadiya n l’euro, kaci l’angoisse et le vieux Dezdeg sont à l’intérieur de taciwt n baggu, l’oliveraie des At Kaci. Ils se préparent à leur premier inig dans le temps. Ils sont décidés à corriger taghyulit de l’histoire. Le vieux Dezdeg révise pour la énième fois le mode d’emploi n tmacint n zaman que leur avait laissé le visiteur de la planète Meghres. « N’oubliez pas : nous pouvons voir tout le monde et parler à tout le monde mais personne ne pourra nous voir », rappelle Kaci, avant de taper sur une sorte de clavier : Alger – El Mouradia – 04 octobre 1988.

Dix minutes après, les trois délégués de Ait R’gad se retrouvent dans le bureau du président de la République. Il est minuit. Le Président ne s’est pas encore endormi. Son bureau yeccur d les officiers. Sadiya n l’euro a reconnu quelqu’un de son ârch. Cinq minutes plus tard, le Président est seul. Il se lève, s’approche du bar, se sert un verre de jus d’orange n ccina, s’approche du téléphone et : « Allô ! je vous avais dit que blad li ma fihache machakil mahiche blad ! »

Pendant que Sadiya n l’euro est allée fouiner dans les tiroirs, le vieux Dezdeg s’approche du chef de l’Etat :

– Azul ya sidi berzidan !

– C’est quoi ce azul ? les Kabyles aussi se sont soulevés ?

– Moi c’est Dezdeg ya si berzidan. Kaci, Sadiya et moi sommes venus de Ait R’gad…

– Besmelah rahman rahima, besmlah rahman rahim…

– N’ayez pas peur monsieur le Président. Dites, vous connaissez les anges du paradis ? Eh bien, nous sommes un peu comme eux. Nous sommes venus de 2008 et de la République de Bouteflika vous avertir que vos soixante hizb vont faire des dégâts, si….

Le président tekcem-it tergigit. Il essaye d’avoir El Karadaoui au téléphone pour une rouqia à distance. En vain. Il psalmodie alors quelques sourates et va s’allonger sur le divan.

Kaci l’angoisse trouve un vieux relevé de notes du Président dans l’un des tiroirs de la bibliothèque. Il l’ouvre et lit : Elève sans avenir. Le maire des Ait R’gad sourit et propose aux deux autres correcteurs de l’histoire :

– Nous avons la possibilité d’aller à quand nous voulons. Pourquoi alors ne pas frapper azrem s aqerru

– Comment ça ? demande Dezdeg

– On se rend en 1962

Milmi iyi-hwa ad zalegh

Milmi iyi-hwa ad sekregh

Milmi iyi-hwa ad argugh

Milmi iyi-hwa ad aysegh

Milmi iyi-hwa ad hlugh

Milmi iyi-hwa ad mtegh

….

Hder negh qim

T. Ould Amar

t.ouldamar@yahoo.fr

P. S. : Les félicitations qui me parviennent par émail me vont droit au cœur. Tanemmirt à toutes et à tous et, sans fausse modestie, ad awen-d-galegh que je n’ai pas plus de mérites que les autres romanciers d’expression kabyle et que ce Prix Apulée est d’abord et surtout attribué à la littérature naissante.

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