»L’Isère ressemble à ma Kabylie! »

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E. S. : On a souvent l’impression de croiser partout votre nom mais en même temps on ignore toujours votre image. Peut-on penser là à une précaution ?

M. A. : Vous savez, travailler sa passion est une chose. Montrer son nez dans la presse c’en est une autre. Moi, ce qui m’importe c’est de pouvoir être lu aussi largement que possible. Le reste(la notoriété), je m’en fous pas mal !

Vous arrive-t-il d’avoir des soucis avec l’écriture?

Oui. Un seul problème.

Lequel ?

C’est que je n’écris pas beaucoup. Je ne m’efforce pas à écrire. J’écris seulement lorsque les choses m’y forcent.

Quelles sont ces choses-là ?

Elles sont nombreuses. Je peux citer entre autres la colère, le chagrin, les souvenirs…enfin toutes les émotions vives provoquées par certains évènements. Autrement dit, l’écriture est une somme de frustrations qu’on ne peut pas assumer autrement. Voilà!

Qu’en est-il de la littérature algérienne d’aujourd’hui ?

Ça fait un bail, mine de rien, que je n’ai pas remis les pieds en Algérie, mais j’ai encore la certitude qu’il existe des centaines, voire des milliers de manuscrits de qualité qui sommeillent dans la poussière des terroirs. Les écrivains en herbe cherchent à être aidé. Je déplore par-là l’absence d’un cercle littéraire qui peut être utile pour le lancement de jeunes talents. J’en ai parlé avec Boualem Sensal que j’ai rencontré dernièrement à Grenoble. Il nous faut une volonté sérieuse pour y arriver. L’Etat algérien tourne le dos aux vrais écrivains et ouvre grands les bras pour les écrivains ratés qui le caressent dans le sens des poils.

Parlez-nous un peu de l’impact de votre séparation amoureuse sur vos écrits ?

Faites-moi grâce de cette question.

Public, ça vous dit quoi ?

Je l’affectionne passionnément mon public. C’est lui en plus qui décide de la vie ou de la mort d’un texte. Jusque-là, ce que je fais plaît et tant mieux. Cela me permet de rester combattant et de tenir tête aux ennemis qui sont légion.

Justement parlons un peu du combat…

Franchement, il reste beaucoup à faire dans mon pays. L’urgence de déclencher une révolution culturelle demeure la priorité, à mon avis. Elle permettra un changement rapide des mentalités et ça sera un peu la panacée. Nombre de choses vont changer après. Je pense notamment à la situation de la femme, aux problèmes de la corruption, de l’intégrisme, du laisser-aller, de la fuite de l’intelligensia…

Si je vous dis musique ?

J’aime la musique. Elle m’accompagne au quotidien. Je déteste par contre les chanteurs qui ne savent pas ouvrir leurs bouches. Hélas! ils sont nombreux. (Rire)

Et si je vous dis cinéma ?

Il y a le cinéaste algérien, Mohamed Chibane, qui m’a proposé un rôle dans son film Le rêve de départ. Un rôle que je devrais jouer aux côtés d’une jeune actrice française. Il m’a fait découvrir le synopsis. Mais j’hésite encore, même si le cinéma me tente. Je n’ai pas suivi de cours de théâtre. J’ai rencontré aussi mon amie, l’actrice libanaise Carole Abboud, ça ne fait pas longtemps. On a beau causer sur le septième art et son film Terre incognito, qui est un succès, mais elle ne m’a rien proposé, elle. Elle est peut-être convaincue que dans l’art, c’est chacun son rôle! Je reste un consommateur potentiel de la production cinématographique.

Pourquoi, après avoir vécu dans plusieurs endroits, avez-vous choisi l’Isère pour vous fixer ?

C’est une région qui ressemble pleinement à ma terre natale, la Kabylie. Elles sont comme deux gouttes d’eau. Des montagnes à perte de vue. Et surtout de la tranquillité et de la nature.

Et l’exil dans tout ça ?

On en sort jamais indemne.

Des projets dans le proche futur ?

Un roman qui ne va pas tarder à sortir si tout va pour le mieux. Il est déjà chez mon éditeur. il s’intitule Perdrix. Pour l’histoire… à découvrir! Je bosse également sur d’autres manuscrits.

Merci pour cet entretien !

C’est moi qui vous remercie.

Entretien réalisé par Emilie Sauvoy

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