Des caves louées à prix d’or à Alger

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Inquiétant est ce constat établi dans les grandes villes algériennes. En effet, l’exode rural massif a fait tant exploser Alger que trouver où se loger à prix raisonnable devient un vrai parcours du combattant face à la flambée des tarifs qui sont pour les petites bourses exorbitants. C’est ainsi qu’un F3 à Alger-Centre vous coûtera pas moins de 35 000 DA, à la banlieue il atteint les 25 000 DA dans des quartiers pas vraiment cléments…..

Face à cet état de fait, une nouvelle pratique a vu le jour il y a quelque temps déjà où des caves abritant autrefois les marchandises des commerçants sont transformées en une sorte de studios, et ce en l’absence d’hygiène et des moindres conditions de vie décentes. Des escrocs profitent de l’état de détresse de ces personnes pour leur soustraire le maximum sachant qu’ils n’ont pas d’autre choix pour se loger.

Ils sont étudiants, travailleurs venus de l’intérieur du pays à se retrouver livrés à eux-mêmes une fois dans cette mégapole ou le mètre carré se négocie à prix d’or. Ces charlatans sentant la bonne affaire transforment leurs caves en soi-disant studios au sous-sol. Lors de notre enquête, nous avons tenté d’en savoir plus sur cette pratique illégale qui s’accroît et qui prend une autre dimension. Sadek et Yacine ont vécu l’enfer lors de leur expérience dans ces lieux. Ils racontent :  » Nous avons voulu louer un studio à Alger car on n’a pas eu une chambre à la cité, on est arrivé trop tard mais notre surprise fut grande lorsqu’on constaté que les prix se sont littéralement envolés alors on a eu des informations que des studios se louaient à un prix raisonnable à Alger-Centre, mais lors de la visite on a constaté que c’était une cave. On n’a pas eu d’autre choix que d’accepter la proposition à 18 000 DA sachant qu’on était à 20 mn de la fac, mais une fois installés, les conditions de vie étaient inhumaines. Saleté, insectes et rats se côtoient à longueur de journée. Malheureusement, on a signé un bail de 6 mois et on ne pouvait pas reculer. C’était l’excès de précipitation car on n’avait pas où dormir « . Effectivement, lors de notre virée dans les quartiers d’Alger, on a constaté de visu ces pseudo-studios qui se louent jusqu’à 25 000 DA. Un propriétaire nous confie que c’est la loi du marché immobilier à Alger qui veut ça et que les prix pratiqués sont raisonnables par rapport aux autres appartements ordinaires. Nous avons voulu connaître l’avis des agences immobilières sur ce sujet. Sur place un responsable d’une agence à la rue Khelifa-Boukhalfa nous explique que  » effectivement, ces dernières années le prix de l’immobilier a flambé et les petites bourses ne peuvent se permettre de louer sur Alger, les raisons sont simples, car face à une demande de plus en plus accrue et forte, les prix ont évolué d’un cran jusqu’à atteindre des sommets. Le marché de l’immobilier est devenu très fructueux face à l’arrivée des travailleurs étrangers ainsi que les nouveaux riches, alors ces caves ont connu elles aussi une montée en flèche, quant à savoir si elles respectent les conditions d’hébergement, cela varie d’un propriétaire à un autre et ils sont tout a fait libres d’afficher leurs prix. Nous on ne fait que satisfaire le client, la transaction se fait à travers notre bureau mais le reste c’est entre le propriétaire et le locataire « . Ce témoignage nous renseigne bien sur l’existence de pratiques douteuses dans le marché de la location où les prix sont libres et les conditions de location ne sont pas respectées comme le stipule la loi. Pour un responsable du ministère de l’Habitat, ces pratiques viennent du fait que la demande a explosé ces dernières années, ce qui a engendrée une flambée des prix qui s’est répercutée sur les conditions d’hébergement qui se dégradent en louant des caves médiocres à un prix bien élevé pour en tirer un maximum de bénéfices, c’est aberrant et la pratique est illégale.

Alger qui connaît une évolution démographique sans précédent ainsi qu’un exode rural massif semble exploser vu le nombre d’arrivants qui s’installent chaque mois et la crise du logement qui connaît une évolution alarmante, et trouver un endroit où s’abriter devient quasi impossible à un prix à la portée des petites bourses. Les raisons s’expliquent peut-être par la concentration des administrations dans la capitale et les différents établissements regroupés autour d’une ville au bord de l’asphyxie.

Merbouti Hacène

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