De notre envoyé spécial au Sahara occidental : Mohamed Mouloudj
Lors d’un déjeuner-presse organisé hier au siège de la présidence de la République arabe sahraouie démocratique, Mohamed Abdelaziz, président de la RASD et secrétaire général du Front Polisario, a appelé le gouvernement marocain » à mettre fin à son agression contre le peuple sahraoui. » Le chef de l’Etat sahraoui a ajouté que le royaume chérifien doit » respecter la légalité internationale et le droit des Sahraouis à son autodétermination. » Tout en soulignant que les Sahraouis ne sont pas des seigneurs de la guerre, il a indiqué qu’ils sont prêts à tendre la main à leurs voisins marocains pour l’édification d’un avenir commun et radieux fondé sur la paix. Par ailleurs, M. Abdelaziz a interpellé les officiels marocains pour cesser la violation massive des droits de l’Homme dans les territoires sahraouis et mettre ainsi un terme à sa “ politique de répression.”
Abordant les négociations prévues d’abord pour le début du mois en cours puis reportées jusqu’au 16 mars, le conférencier a souligné qu’elles sont une occasion pour « donner un sens à ces mêmes négociations. » Dans le même ordre d’idées, il a ajouté que la résolution onusienne 1754 stipulant le droit des Sahraouis à l’autodétermination doit être au cœur des négociations, » car elle est la base des négociations « , en indiquant que » notre départ à Manhasset est pour mettre en application cette résolution et nous souhaitons que les Marocains auront la même conviction. «
Dans une proposition de sortie de crise émanant des autorités sahraouies, la RASD avait engagé une réflexion sur les futures relations qui devraient réunir les deux pays. La réflexion se base, selon le Président, sur le règlement définitif de la crise, et qui consiste en le respect du choix des Sahraouis. Sur le même volet, M. Abdelaziz a assuré que » nul ne peut marchander ou corrompre le choix du peuple sahraoui pour son indépendance. » Allusion faite au marchandage qui peut entourer les négociations prochaines et aussi pour affirmer que seuls les Sahraouis peuvent décider de leur avenir. Et d’ajouter que » toutes les propositions seront soumises au peuple. »
Du côté marocain, M. Abdelaziz a indiqué qu’ils tiennent toujours à la souveraineté de la monarchie sur le Sahara Occidental, chose que les Sahraouis récusent. Cette affirmation marocaine, constitue en elle-même » une grande contradiction et une position extrémiste « , a encore ajouté le Président. Abordant le cas du Kosovo indépendant depuis quelques semaines, le Président sahraoui n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour fustiger la politique du deux poids deux mesures pratiquée par les Nations unies et les puissances mondiales. Il considère que la reconnaissance de l’indépendance du Kosovo par d’autres pays qui n’ont pas eu la même position avec le Sahara Occidental est désolante et d’appeler par la même occasion ces mêmes pays à se positionner ainsi avec la cause sahraouie. Il a aussi signalé que le Sahara Occidental est reconnu par 82 pays à travers le monde. » Le dernier congrès du Front Polisario était une autocritique de notre mouvement », a indiqué M. Abdelaziz, à propos des critiques sur le relâchement de l’activité diplomatique du front.
Apostrophé sur le vœu des Sahraouis de reprendre les armes en cas d’échec des négociations, il a souligné qu’ils ne souhaitent pas aller à un conflit armé, et qu’il faut attendre l’issue de la rencontre prochaine.
Questionné sur la course à l’armement engagée par le colonisateur ces dernières années, M. Abdelaziz a rappelé que cette intense activité militaire marocaine dans certaines zones occupées et cette course à l’armement les préoccupe et dénote la fuite du Maroc de toute résolution pacifique du problème et elle est aussi une volonté d’agression contre le Sahara Occidental. Il a ajouté que la situation socioéconomique marocaine nécessite une prise en charge réelle tandis que le gouvernement de la monarchie dépense dans les achats d’armes de guerre.
» La reconnaissance par l’Afrique du Sud du Sahara Occidental est acte de bravoure et de paix « , a-t-il souligné et d’ajouter que des projets de développement sont engagés avec l’aide de ce pays.
A propos du soutien français au Maroc, le Président Abdelaziz a indiqué que ce soutien sans conditions n’a pas d’explication objective, et d’appeler le président Sarkozy à revoir leur position dans ce conflit.
» 500 militants politiques du Polisario et 151 prisonniers de guerre ont été enlevés sans pour autant donner d’informations les concernant « , a révélé le Président. La situation des droits de l’Homme dans les zones occupées est préoccupante, a-t-il encore ajouté, en soulignant que le Maroc doit ouvrir la voie devant les organisations humanitaires et la presse pour prendre conscience de la violence barbare que subissent les Sahraouis dans ces territoires.
Enfin, Mohamed Abdelaziz a indiqué que la politique expansionniste du Maroc freine l’édification du Grand Maghreb.
M.M.