Au PC de la wilaya III

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Jeune étudiant en 1957, originaire de Tizi Ouzou, Salah Mekacher, né en 1932, retrace à travers les 300 pages de cet ouvrage les péripéties vécues — souvent à son corps défendant — durant les années allant de 1957 à l’indépendance.

Les anecdotes et les références ne manquent pas, étayées par le rappel des compagnons de combat les “moussebline” (et non les “mouzeblin” comme il tient à le préciser dans un passage plein d’humour) qui ont survécu aux années de braises et ceux qui ont payé de leur vie leur engagement pour la libération de notre cher pays. L’opération “Jumelles”, la période noire de la “Bleuïte”, les arrestations, les condamnations et les “liquidations physiques” sont relatées avec une objectivité rare. L’ouvrage retrace les déplacements des djounound et des populations à travers la wilaya III, les uns à la recherche de l’action, les autres à la poursuite d’une quiétude perdue.

Les combattants ont vécu les terribles exactions de la soldatesque ennemie, les déplacements du poste de commandement de Tamgout à Akfadou en passant par Bounamane et en y revenant… avec une certaine nostalgie. Les relations avec la hiérarchie, les nominations, les mutations et les promotions sont décrites avec force précision, de même que la relation des nécessités de la guerre, passant de l’armement manquant aux problèmes financiers, sans oublier les questions de logistique et d’ordinaire.

Salah Mekacher, l’étudiant gréviste des années 56 et 57 qui, recherché pour son activité partisane, a dû rejoindre les maquis, a survécu à la “Bleuïte”. Affecté d’un PC à un autre, “Salah la Presse” se retrouve, après avoir secondé le colonel amirouche, secrétaire du colonel Mohand Oulhadj aux côtés duquel il termine la guerre.

A l’indépendance, il quitte l’ANP pour participer à l’édification de l’Etat algérien en qualité d’administrateur des hôpitaux d’Algérie. Après un stage en France, son premier poste d’affectation est naturellement au centre hospitalier de Tizi Ouzou.

Promu directeur de la santé de la wilaya, il part en retraite en 1988. En 1967, il est élu vice-président de l’APW de sa ville natale, puis en 1982 il deviendra député pour un mandat qui termine sa carrière professionnelle et politique.

Aujourd’hui, il se consacre à l’écriture de ces pages qui ne cessent de hanter ses nuits, ces pages écrites en lettres de sang exhumant un passé qu’il ne cesse de ressurgir, rappelant à la mémoire les compagnons disparus, citant ceux qui sont encore en vie, semblant regretter un tant soit peu cette période de “sa vie” pourtant vécue dans les difficultés de la guerre, cette période durant laquelle le frère a reconnu le frère, les amis ont soutenu les amis, les uns et les autres partageaient les mêmes peines, les mêmes misères, les mêmes conditions et les mêmes situations.

Pour l’heure, ses mémoires ne s’arrêtent pas à cette 3e édition d’un ouvrage riche en détails. Un prochain ouvrage est en gestation.

Son titre est des plus simples : “Les récits de la mémoire”. Et cette mémoire est un bien “trop” précieuse pour le pays… ce pays pour lequel il a combattu.

Sofiane Mecherri

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