“Il n’y a pas de base de sous-marins soviétiques dans les gorges du Rhumel !”

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Par Karima Hayati

Dans les années 70, en pleine guerre froide, un organe de presse, parisien, en vue, s’était aventuré à étaler en couverture, cette information sensationnelle : “Les Soviétiques ont construit une base de sous-marins à Constantine !”. “Le journaliste qui a commis cette bévue aurait pu avant de se lancer, consulter les mémoires du Maréchal de Saint Arnaud qui connut bien l’antique Cirta pour l’avoir mise à sac et cannibalisée”. Lui, Achille, roturier, comédien raté, qui s’était offert une particule avec les honneurs attachés à ceux qui avaient écrasé sous les sabots de leurs dragons les espérances de la République sur les pavés de Paris. Qui connaît mieux que la France la géographie et la géologie de l’Algérie ?

Et pourtant, le sol, le sous-sol, les étendues du Sahara ne cessent de nourrir les obsessions, les fantasmes et les mirages outre-Méditerranée. Lors du premier “Choc” pétrolier dans les années 70, des doctes experts avaient prédit l’épuisement des réserves pétrolières et gazières de l’Algérie, à l’horizon 80. L’ère de “l’après-pétrole” serait donc au rendez-vous des années 1980 et le Club de Rome, alors très à la mode, (comme Davos aujourd’hui) affichait imperturbablement ses certitudes et l’on pariait à l’époque sur la “croissance zéro”. Il se trouve que ces certitudes superbes ne se sont pas vérifiées ; il a donc fallu repousser—avec quelle délicatesse — les échéances fatales… 1990?, 2000?, 2010?, 2020?, 2030?…

Les mêmes obsessions, les mêmes fantasmes et les mêmes mirages sont toujours là, toujours aussi vivaces, mais qui aujourd’hui font plutôt sourire. Que dit-on, à l’orée de ce siècle nouveau ? Se fondant sur des données dont ils se gardent bien de produire les sources, les mêmes cassandres nous affirment avec la même superbe et la même arrogance (1970… 1980… 1990… 2000) que l’Algérie n’aura plus une goutte de pétrole dans 15 ans et plus une fumette de gaz dans 20 ans !

Le ministre Chakib Khelil répond placidement à partir de Londres que le bassin sédimentaire algérien couvre 1,5 millions de km2, et qu’il demeure pour ainsi dire vierge. Il y a là, effectivement, matière à fantasmer et pour une raison bien simple : il faudrait un siècle avec les technologies les plus sophistiqués déjà acquises pour atteindre un niveau de connaissance satisfaisant des gisements que recèle le sous-sol algérien. Nous ferons actuellement quelque 70 puits par an. Il faudrait en creuser 6000 pour se situer au niveau des autres pays en termes de connaissances des réserves. Il y a là, de quoi se creuser la tête. Il est tout de même permis de confirmer une bonne fois pour toute, que Constantine n’abrite pas de base de sous-marins soviétiques. Pour une raison évidente : l’Union soviétique n’existe plus. Mais, enfin, rien n’interdit de conjecturer la construction bientôt d’un port en eau profonde dans la banlieue de Tamanrasset

K. H.

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