Disponibilité, rationnement et gaspillage à Bgayet

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Bgayet possède des capacités de stockage en eau impressionnantes. Ce potentiel souterrain, découvert par une société américaine opérant à Bgayet, a été vite révélé en mars dernier à l’occasion de la Journée mondiale de l’eau. Mais une gestion parfois approximative et cahoteuse de ce précieux liquide, les aléas climatiques caractérisés par une pluviométrie hivernale de plus en plus fantaisiste qui offre une année de vaches grasses pour plusieurs années de vaches maigres font qu’il y a loin de la coupe aux lèvres (c’est véritablement le cas de le dire). La soif ce terrible fléau cyclique a modelé l’imaginaire de l’homme qui craint, plus que tout autre calamité, le manque d’eau. On n’en est pas encore là à Bgayet, même si certains pics de tension perceptibles, pour le moment, surtout en été font craindre le pire.L’alimentation en eau potable couvre la presque totalité de la wilaya de Bgayet. La dotation moyenne convenable en période normale est de 170 litres/ jours et le taux de raccordement au réseau avoisine les 90%. Les zones rurales et éparses non encore raccordées au réseau sont desservies par des par puits et des sources. Les ressources hydriques prouvées de la wilaya s’élèvent à près de 415 hm3 (106 hm3 en eaux souterraines et 309 hm3 eaux superficielles). La wilaya dispose d’un barrage, celui de Kherrata qui emmagasine, bon ou mal an 110 hm3. Il est en outre confronté à un sérieux problème d’envasement. Quant à celui de Tichy Haf, présenté comme la solution ultime pour venir à bout des pénuries sur tout le couloir de la Soummam jusqu’à la côte “Est”, 20 ans n’ont pas suffi à son pour achèvement ! Il faudra encore quelques années (combien ?) avant que les premières coulées ne viennent abrever des citoyens rompus aux rationnements et aux coupures intempestives. 811 réservoirs avec une capacité de 154 125 m3, 42 retenues collinaires de 1 865000 m3, 127 source captées avec un débit de 54 291 m3/j voilé en quelques chiffres les quantités dont dispose l’hydraulique pour l’alimentation en eau potable de la wilaya. Deux structures sont en charge de la distribution de l’eau dans la wilaya : Edémia et les régies communales. L’Edemia créée par délibération de l’APW le 12 juillet 1987 dispose pour sa mission de 37 forages, 7 puits, 27 sources, 166 réservoirs pour une capacité de stockage de 61 720 m3. Plus de 354200 habitants de la wilaya, sur un total de 958189, sont aliments par Edemia qui gère 6 centres (Bgayet, Sidi Aïch, Tichy, Aokas, Souk El Tenine et Kherrata ) en attendant de voir tomber dans son escarcelle les Régies communales d’El Kseur et d’Akbou. En 2004, Edémia a produit 22 millions de m3 au profit de 14 communes. La distribution dans les 38 autres communes est assurée par des Régies communales qui font ce qu’elle peuvent avec souvent des moyens dérisoires.Quant aux eaux usées, il est de notoriété publique, qu’elles se déversent à ciel ouvert. Un réseau obsolète et dépassé (en voie de réfection), un rationnement au quotidien, des canalisations pas toujours au bon endroit ni systématiquement enfouies, les nombreuses fuites, une qualité de l’eau souvent douteuse (forte présence de calcaire, de dépôts terreux en plus d’une coloration rougeâtre par intermittence) malgré les assurances de Edémia quant à la réalité des contrôles bactériologiques et physicochimiques…, voilà les principaux griefs, que retient la “Vox populi”, nostalgique de l’époque à jamais révolue, où il était loisible à tout un chacun de prendre une douche à toute heure du jour ou comme de nuit. Le commun des citoyens ne veut surtout rien savoir de ce qui se passe ailleurs dans les régions moins défavorisées. Il râle, il tempête, il peste, le citoyen, mais il n’est pas exempt de tout reproche, lui, qui, pour une simple douche utilise 10 fois plus d’eau qu’il n’en faut. Ce qui fait dire à certains esprits particulièrement lucides, que le citoyen doit d’abord se discipliner, s’autorationner et ne plus se livrer au gaspillage. C’est à ce prix et uniquement à ce prix qu’il pourra prétendre à mieux qualitativement et quantitativement. L’eau, enjeu des enjeux pour les décennies à venir, risque d’être le moteur des futurs conflits entre groupes humains, entre nations et Etat. L’absurde, c’est qu’il y en a suffisamment et pour tout le monde. Seulement, les réserves sont mal réparties et les égoïsmes sont tels que le nanti, le bien pourvu, ne veut pas partager !

Mustapha R.

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