La polémique enfle

Partager

De Paris, Hakim Hadidi

Le Salon du livre de Paris, qui se tiendra du 14 au 19 mars prochain et qui coïncide avec l’anniversaire de la création de l’Etat hébreu (1948), suscite des soubresauts inattendus à ce genre de manifestation culturelle dans la capitale française.

Un appel au boycot est lancé par une myriade d’écrivains du monde arabe.

“Le choix d’Israël comme invité d’honneur a provoqué la colère dans les pays du Proche-Orient et du Maghreb, où certains déplorent qu’une telle faveur soit accordée au ‘bourreau’ des Palestiniens, selon le mot du présdient de l’Union des écrivains palestiniens Taha al-Moutawakel”, écrit Christine Rousseau du Monde.

Le président de l’Union des écrivains arabes a estimé qu’ “ il n’est pas digne de la France, pays de la Révolution et des droits de l’homme”, d’accueillir un pays “occupant” et “raciste” à Ramallah (Cis jordanie).

L’Union des écrivains égyptiens ajoute qu’il est” inacceptable” au moment où Israël se livre “comme jamais” aux “violations des droits de l’homme”, au regard de la dernière opération de l’armée israëlienne à Gaza.

Il en va de même à Rabat (Maroc), l’Organisation islamique de l’éducation, des sciences et de la culture, a demandé aux cinquante pays membres de ne pas faire le voyage de Paris, pour éviter des “effets négatifs” sur les relations “entre la France et les pays musulmans.”

Solidarité obligé, le Liban qu’on dit place forte de l’édition au Proche-Orient, s’est également rallié à ce mot d’ordre de boycot.

La déléguée générale du Syndicat national de l’édition (SNE), Christine de Mazières, a précisé au quotidien le Monde qu’ “à ce jour, quatre stands collectifs, ceux de la Tunisie, de l’Algérie, du Maroc et du Liban resteront vides”.

Du côté des écrivains arabes, les avis sont partagés entre participation et boycot, pour qui le salon reste une “vitrine indispensable” pour se faire connaître et vendre leurs livres, souligne Christine de Mazières, malgré une “pression morale”. Côté algérien, le Syndicat national des éditeurs de livres a raillié le mot d’ordre du boycot comme c’est le cas du directeur du Centre culturel algérein à Paris. Mais des écrivains connus tels Boualem Sansal, Maïssa Bey, Fouad Laroui ou Youcef Jerbel y seront. Maïssa Bey a précisé au Monde “Je viendrai au Salon, non pas comme citoyenne algérienne, mais comme écraivain.”

La romancière algérienne s’’interroge : “Si le choix d’Israël n’avait pas coïncidé avec l’anniversaire de la création de cet Etat, y aurait-il eu appel au boycot ?” “Si tous les auteurs israëliens représentaient la ligne du gouvernement, sans doute ce boycot aurait été justifié. Or, ce n’est pas le cas.

Nombre d’entre eux ne sont pas d’accord avec la politique menée par Israël ; il faut les prendre ainsi. Je regrette que l’on confondre l’écrivain et citoyen. “Tout boycot de la littérature est non seulement inutile, mais stupide. Je ne vais pas boycotter la littérature hébraïque”, réagit de son côté l’écrivaine libanaise Hoda Barakat, citant ses auteurs israéliens préférés : Amos Oz, David Grossman et Itamar.

H.H.

Partager