Cette exposition, qui coïncide également avec l’occasion de la célébration de la Journée internationale de la femme, est marquée en premier lieu par la réouverture de la bibliothèque qui était en travaux de rénovation. En deuxième lieu, le lancement des activités culturelles que celle-ci abritera désormais. En cette occasion, et lors de l’inauguration de la Bibliothèque et l’exposition, le directeur de la bibliothèque nationale M. Amine Zaoui, a déclaré qu’ »elle sera un pôle d’attraction culturel de la même manière que la Bibliothèque nationale du Hamma « .
L’exposition qui a eu lieu la présence de Najet Khedda — la veuve du défunt — comprend une trentaine de tableaux. Ces derniers, manifestent l’influence féminine sur le travail de création de l’artiste. Elle démontre cette sensibilité que Mohamed Khedda avait à l’égard des femmes – une sensibilité qui se dit au féminin. Il se trouve que la femme n’y est pas représentée d’une façon figurative. Ce qui est frappant dans le travail de Mohamed Khedda, c’est bien la présence récurrente d’une organisation composée de signes inspirés de l’alphabet arabe. Ils apparaissent dans un enchevêtrement d’écriture tantôt dense, tantôt éparpillée. Cette organisation laisse voir une représentation du personnage de la femme. Celle-ci se dévoile dans une apparence relevant de l’abstrait.
Mohamed Khedda s’approprie l’alphabet arabe, le transfigure, il s’en inspire pour en créer un autre. De cet alphabet nouvellement créé et avec une touche de fantaisie qui est sienne, il compose, ça et là, en assemblant les lettres, ou encore les motifs, en en ajustant de façon représentative, le corps de la femme, sa silhouette, ou bien il se contente simplement de projeter une ombre discrète, évanescente qui, examinée de près, et en cernant ses contours et son anatomie, fait rappeler, à coup sûr, une présence féminine. L’art dans le travail de Mohamed Khedda réside dans ce geste instinctif et sensible qui consiste à créer à partir de signes un personnage, celui de la femme, un personnage singulièrement influent, tant la représentation s’avère aussi inhabituelle que fictive.
Mohamed Khedda ne peint pas la présence féminine, qu’elle soit palpable ou fugitive, mais il l’écrit en lettres imaginées pour elle.
S’inspirant alors de la lettre arabe, de sa gestuelle, de son mouvement, de ses courbes et de ses volutes, l’artiste utilise une écriture libre, en lui conférant un sens nouveau, une nouvelle spatialité et temporalité, et en lui conférant également une esthétique proportionnée et élégante. Cette représentation à la fois scripturale et picturale de la femme se veut, avant tout, un poème que l’artiste semble vouloir lui dédier. Mohamed Khedda n’était pas seulement un artiste peintre qui décrit la beauté de la femme, mais il était, également, un poète de la femme.
Kafia Aït Allouache