Mouloud Feraoun, cet écrivain, reviendra, cette semaine, dans sa terre natale où il sera ressuscité, des journées durant, à l’initiative de l’association qui porte fièrement et savamment son nom. Hier, d’ailleurs, l’on a remarqué un avant-goût d’une manifestation grandiose que compte abriter, à partir d’aujourd’hui, le village de Fouroulou qui s’est paré, d’ores et déjà de ses plus beau atours pour accueillir, les milliers de visiteurs qui viendront, à coup sur, massivement, pour se recueillir sûr la tombe de l’auteur des Chemins qui montent. Effectivement, c’est en arpentant des ruelles très étroites que le visiteurs puisse atterrir à Tizi Hibel, une bourgade perchée sur les hauteurs de la Kabylie. Comme pour nous souhaiter la bienvenue, un grand étendard est accroché tout juste au seuil de cette contrée lointaine d’Aït Mahmoud. Immobiliser le “fils de pauvre”, c’est d’ailleurs, le souci majeur des organisateurs qui affichent une volonté farouche et une motivation inouïe à travailler dans le sens de sauvegarder leur culture ancestrale. Ces propos de Massinissa Chebrek, secrétaire général de l’association organisatrice, confirment amplement que la localité veut rester toujours dans le sillage du chemin entrepris par Feraoun. “Nous voulons, à travers ce genre d’activité, mettre notre jeunesse dans le bain de la littératures et l’inciter à lecture surtout afin d’éviter de sombrer dans les relents de l’oisiveté. C’est, en somme, l’objectif essentiel de la création de notre association”, nous a-t-il dit. Ses dires consistent, en un mot, un message a la génération montante de prendre conscience de la culture, cet aspect qui risque, estime-t-il, de partir inexorablement en lambeau. Mais, “à cœur vaillant rien d’impossible”, comme dit l’adage. Ce dernier a été bel et bien vérifié, hier, à Tizi Hibel où la classe juvénile a, semble-t-il, pris conscience de la chose. L’exposition relatant la vie et l’œuvre de Feraoun connaît une affluence juvénile remarquable. Le comité d’organisation mis en place procédait à colmater les dernières brèches inhérentes à cette manifestation. Tout le monde donne un coup de main. C’est là qui faisait l’ambiance des préparatifs de l’évènement d’aujourd’hui. “C’est la première manifestation qu’organise notre association. Nous voulons nous mobiliser pour donner un cachet particulier à cette activité d’autant plus qu’il s’agit d’un hommage à l’une des personnalité ayant marqué de son empreinte l’histoire de la littérature contemporaine en Algérie et particulièrement en Kabylie. Nous remercions Ali Feraoun, fils de Mouloud Feraoun, pour son soutien à l’association. Cela, sans oublier MM. Abdelkader Deridj et Mohamed Diad, tous les deux membres de l’APW de Tizi-Ouzou, pour leurs aides. Parler, aujourd’hui, de Ferraoun, est un honneur pour toute la région car, il faut le souligner, cet écrivain avait un attachement viscéral à la Kabylie. “D’ailleurs, ces écrits reflètent de manière authentique l’image de cette région notamment lors des pénibles moments de la Guerre de Libération nationale. C’est un devoir de penser à lui”, a ajouté le secrétaire adjoint M. Kaci Ouachek, composée dans quasi-totalité d’étudiants de l’université de Tizi-Ouzou, l’association Mouloud Feraoun s’attelle à mettre en œuvre un programme aussi riche que varié, celui de revisiter Le Fils de pauvre dans toutes ses multiples facettes. Au menu de cette commémoration, figurent des activités culturelles, à l’image de ses pièces théâtrales, des chorales et des projections vidéo et une grande exposition de photos et de coupures de journaux notamment sur Feraoun. Par ailleurs, dans la ville des Genêts l’on se prépare également a marquer le 44e anniversaire de la mort de “fouroulou” de manière grandiose. En effet, la Maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou abritera à partir du 15 mars, un salon du livre. Ce dernier sera dédié à la mémoire de Mouloud Feraoun et Ali Hamoutène, assassinés, pour rappel, par l’OAS quelques jours seulement avant le cessez-le-feu en 1962. Dénommée salon Djurdjura du livre, cette manifestation qui s’étalera jusqu’au 20 du mois en cours, sera ponctuée par plusieurs activités qui seront organisées en l’honneur des deux défunts. Une grande exposition est, en effet, prévue au niveau du hall de la Maison de la culture. Celle-ci sera mise en place par des maisons d’éditions, à l’image de Nour El Kitab, OPU, Dar El Amel, et Edition création du livre. Durant le salon, plusieurs ventes-dédicaces auront lieu en présence des auteurs. Aussi, deux concours seront organisés pour les enfants âgé entre 7 et 14 ans. Il consistera en un concours de dessin et la meilleure dissertation sur la vie et l’œuvre du “fils du pauvre”. Par ailleurs, l’écrivain Abdenour Abdeslam animera, à l’occasion, de son côté, une conférence-débat sur “La langue berbère dans la littérature : cas de Belaid Ath Ali”. Youcef Merahi, pour sa part, interviendra pour donner une communication sous le thème : “ La littérature algérienne, ce lieu de péril”. Il y aura lors de la journée de 19 mars, des témoignages sur Hamoutène et Feraoun seront de la partie. Des personne les ayant connu et côtoyé viendront pour revisiter les deux défunts. D’autre part, il est utile de rappeler que Feraoun est née le 8 mars 1913 à Tizi Hibel, ancienne commune natale, et ce, avant de rejoindre l’école primaire supérieure de Tizi-Ouzou en 1928.
Quatre ans plus tard, il rejoindra l’école normale de Bouzareah. En 1935, il deviendra instituteur. Après avoir exercé plusieurs années dans l’enseignement en Haute Kabylie, Feraoun occupera, en 1960, le poste d’inspecteur des centres sociaux à Ben Aknoun. En 1963, après le cessez-le-feu, il sera assassiné par l’OAS à Alger. S’agissant de ses publications, Ferraoun a laissé derrière lui une œuvre riche et palpitante. La terre et le sang, Le fils du pauvre, Les chemins qui montent et L’anniversaire (roman inachevé). Aujourd’hui, quarante-quatre ans, jour pour jour, se sont écoulées depuis la disparition de Fouroulou mais ses romans restent inéluctablement des supports didactiques les plus recommandés pour les écoliers. Autrement dit, l’œuvre de Feraoun est immortelle.
A. H.