On ne cesse de parler de passe-droit, de piston, de favoritisme en Algérie et on est même arrivé à inventer le “Benaâmisme”. Cette pratique qui est devenue courante dans tous les secteurs au point où tout le monde l’accepte, n’a jamais été officiellement prouvée. A la Direction de l’emploi de la wilaya de Béjaïa, pour faire partager la responsabilité, le directeur intérimaire n’avait pas trouvé mieux que de concevoir un imprimé de “demande de placement d’un parent, ami ou voisin” que rempliront ses agents et qu’ils lui soumettront pour donner son avis favorable. Bien entendu le motif invoqué dans cette demande de “piston” est toujours le cas social de l’universitaire à recruter dans le cadre du contrat préemploi (CPE).
Alors si un diplômé n’est ni parent, ni ami, ni voisin à un employé de la Direction de l’emploi mais qu’il est réellement un cas social, que doit-il faire pour voir sa demande acceptée ? Doit-il attendre qu’un quota soit attribué à l’Agence pour l’emploi (ALEM) pour que son numéro d’inscription soit pris en considération et qu’on l’invite enfin à signer son contrat de préemploi ?
“C’est vrai qu’on utilisait ces imprimés car le directeur ne voulait pas se faire passer pour un homme qui faisait du favoritisme et il nous sollicita pour les cas sociaux que nous connaissons. L’objectif de cette pratique est purement social”, nous avait déclaré un agent de cet organisme que nous avions questionné. Pour que le but d’une opération soit d’ordre social, il aurait fallu à ce moment-là afficher à l’intention de l’ensemble des postulants et informer les structures habilitées à établir les listes des cas sociaux, à savoir les APC et les comités de quartiers à la rigueur. Quelle mouche a bien piqué ce “commis de l’Etat” pour qu’il avantage les proches de ses employés au détriment des autres jeunes universitaires à la quête d’un emploi même précaire soit-il ? Autant de questions qui restent sans réponses mais qui nous rappellent à l’évidence que le favoritisme existe bel et bien en Algérie et qu’il a tendance à s’officialiser.
A. Gana