Un équilibre écologique à restaurer

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L’élevage du mouton est une tradition ancestrale dans cette contrée mais il semble que la gestion anarchique de cette activité commence à influer négativement sur l’environnement. L’élevage extensif qui se pratique sur les terrains de parcours de Djebel Benabdallah et Serdoun ne manquera pas d’accélérer le processus de dégradation du sol et du déséquilibre écologique. Déjà, à présent, l’offre fourragère se réduit comme peau de chagrin et le phénomène d’érosion a décharné de larges pans des piémonts et des pénéplaines. C’est en raison de ce processus de désertification qui menace la wilaya de Bouira sur son flanc sud que ce territoire a été intégré dans le tracé du Barrage vert au cours des années 80. Les reboisements réalisés par l’ANP au cours de cette période ont été exposés au pacage au point qu’il n’en reste que des vestiges qui attestent de l’effort de l’homme à domestiquer et à fertiliser la nature. Dans le programme du PER II, des reboisements sont initiés depuis 2005 sur le versant de la montagne appartenant à la commune de Dirah avec, en renfort, la fixation biologique des berges et les corrections torrentielles destinées à régulariser la vitesse d’écoulement de l’eau pour protéger les terres agricoles en aval.

Le HCDS (Haut commissariat au développement de la steppe) a, lui aussi, réalisé des programmes agricoles et de la petite hydraulique tendant à fixer les populations sur les lieux. Mais, ces populations continuent à mener une vie difficile tant sont déficitaires les équipements publics et les infrastructures sociales de base. En visitant le hameau d’El Hammam, bâti sur un flanc de montagne, l’on se rend compte des retards de développement : habitat, agriculture, AEP, éducation, santé, loisirs,…etc. La seule retenue collinaire construite dans les années 90 a été vidée de son eau par la perméabilité du sol. Le site a été mal choisi.

Mohamed, un habitant aperçu en amont de ce qui fut la retenue, se démène à monter et à descendre pour venir à notre rencontre et nous fait cette observation : « Nous ne connaissons de l’Indépendance que l’image du drapeau dessiné sur un rocher que vous avez dû rencontrer sur votre chemin ». En effet, sur la route goudronnée qui mène vers le chef-lieu de commune, on peut apercevoir à un kilomètre de distance le drapeau national peint sur une falaise en biseau constituant le talus de la route. Mais, que peut bien apporter un emblème-fût-il exhibé sur un rocher- aux terres désolées de la Pierre Bleue ?

Sur la route de Taguedite, une autre localité semble coincée entre le mont Serdoun et les dépressions caverneuses dans lesquelles prend naissance Oued El Malah. Il s’agit de Oum S’Fia aux maisons éparpillées sur des coteaux nus et ventés. Le PPDR qui y est initié en 2004 a été achevé. Le meilleur soutien de l’État apprécié comme tel par la population est sans aucun doute les travaux d’amélioration foncière destinés à augmenter les rendements des céréales des coteaux. En outre, deux sources y sont aménagées avec des bassins d’une capacité de 50 m3 chacun. Ils sont destinés aussi bien pour l’abreuvement du cheptel que pour l’usage domestique.

Les potentialités de Hadjra Zerga sont immenses : de vastes terres fertiles, des ressources hydriques encore inexploitées qui se déversent dans le Chott El Hodna, la proximité d’un grand axe routier (RN 8) et d’un important centre de négoce (grands marchés de Sidi Aïssa et Aïn Lahdjel). À l’ombre de Djebel Benabdallah et dans les eaux généreuses des Oueds Bou Omar et Moumeddas, les terres de la Pierre Bleue attendent un geste salvateur pour sortir du sous-développement.

Amar Naït Messaoud

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