L’eau, une importante ressource mal exploitée

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Cette inestimable ressource n’a jamais fait l’objet d’un quelconque intérêt de la part des autorités locales depuis l’Indépendance ; bien au contraire, les quelques ouvrages d’exploitation de l’eau réalisés par les colons et qui pouvaient encore servir durant des siècles n’ont bénéficié d’aucun traitement d’entretien après l’Indépendance et ont fini par disparaître complètement. Si l’on évoque justement la période coloniale, à ce moment la vallée de M’chedallah qui s’étend sur des milliers d’hectares était une parfaite reproduction de la Mitidja. Les dizaines de colons qui se sont emparés de ces terres hautement fertiles et se sont partagés les fermes à partir desquelles ils exportaient vers l’Europe (France, Espagne, Italie et le Portugal) les produits agricoles excédentaires qu’ils n’arrivaient pas à écouler localement tels le blé, l’orge, l’avoine, la fève, l’orange, l’huile d’olive entre autres. Les fermes les plus importantes et les plus connues étaient celles de : Rouich, Lagère, Pierrot Matoine, Petavain.

Toutes ces fermes aux rendements importants sont entrées en exploitation grâce à un captage d’une seule source (la Source noire d’Illiten). Le phénoménal débit de cette source a été utilisée judicieusement par ces colons pour une double fonction, d’abord ils construisent une centrale électrique à quelques centaines de mètres en amont de la source dont ils utilisèrent le fort débit pour faire tourner les turbines de la centrale d’où ils tirent suffisamment d’énergie pour couvrir les besoins en électricité de toute la circonscription de l’ex-Maillot, l’actuelle daïra de M’chedallah, ensuite l’eau est acheminée sur plus de 20 km dans un canal artificiel aménagé à même le sol dont les tronçons sont encore intacts à l’heure actuelle pour servir à l’irrigation de ces dizaines de fermes qui s’étendent sur une importante superficie située entre Ighrem commune Ahnif jusqu’à la limite actuelle entre Chorfa et Tazmalt. Aujourd’hui, la moitié du débit de cette source est captée pour alimenter en eau potable plusieurs communes de la daïra. L’autre moitié est lâchée dans le ravin “Assif assemadh” pour se mêler à quelques encablures plus bas aux eaux usées de l’Oued Sahal. Parallèlement à cette source, d’autres sources aménagées par les Français avec un débit légèrement inférieur à celui de la Source noire, mais non moins importantes telle que Thala Rana, Thala Vouhrev, Thala n’Teslent, El Ansar Ath Ali Outhemim, Thala Larvaa à l’exception de cette dernière, aucune autre n’est exploitée ; la spécificité commune de ces sources est la qualité de leur eau “minérale et prête à la mise en bouteille”. L’eau de la source coule dans les divers ravins de la commune de Saharidj. Si nous avons cité uniquement ces quatre sources, c’est pour le fait qu’elles sont aménagées en des dizaines d’autres points d’eau aux débits assez importants bien connus existant sur ce flanc sud de la montagne Lala Khedidja : c’est une véritable mer d’eau douce que renferme cette montagne. Autre fait important : le captage et la canalisation de l’ensemble de ces sources naturelles ne poserait aucun problème, cette partie de la montagne a bénéficié de l’ouverture de nombreuses pistes qui la sillonnent de part en part, ce qui manque pour l’exploitation de ces considérables quantités d’eau, c’est uniquement la volonté humaine. Que “l’on veuille maintenir la région de M’chedallah dans son sous-développement, on n’aurait pas fait autrement”. “Comment ne pas aboutir à cette hypothèse quand on voit l’Etat débourser des sommes vertigineuses pour construire des usines de dessalement d’eau de mer pour venir en aide à certaines régions, réaliser des stations d’épuration géantes, relancer l’industrie et l’agriculture dans d’autres régions autres que la Kabylie, et l’on se contente seulement de surveiller le degré de notre penchant pour l’évangélisation”. Ces sources qui dépassent la centaine, rien que dans la commune de Saharidj, des sources vives qui n’ont jamais taries, de mémoire d’homme, ni diminué de début même durant les années de forte sécheresse peuvent être facilement mises en valeur et récupérées, rien que par l’aménagement de quelques retenues collininaires. Nous persistons à souligner que c’est un considérable support pour la relance du développement de la région de M’chedallah, voire de toute la partie est de la wilaya de Bouira. qui est à vocation agropastorale. Hélas, soyons sûrs que l’eau de “roche” continuera à couler dans les ravins, longtemps encore, avant que l’on daigne lui accorder un intérêt quelconque. N’y a-t-il pas quelque part “anguille sous roche” à propos de cette importante richesse abandonnée ?

Omar Soualah

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