Tizi-Ouzou sombre une nouvelle fois dans l’instabilité

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Depuis la journée de lundi dernier, la Nouvelle-Ville de Tizi-Ouzou a vécu d’intenses moments d’agitation. Répétant des réflexes étrangement familiaux à la ville, des jeunes en colère ont fermé des routes et barricadé des artères dans le seul souci de se faire entendre d’une administration qui ne cesse de les mépriser. Certes, le procédé n’est ni catholique ni civilisé, et on sait que c’est l’image de la ville -aux sens propre et figuré- qui en prendra un coup, mais avons-nous le droit de faire un procès d’intention à ces jeunes alors que tout le monde sait que, de toute manière, c’est la seule voie d’expression dont ils disposent pour qu’on daigne enfin s’intéresser à leur cas et se pencher sur leurs revendications ?

On ne s’étalera ici ni sur la légitimité de ce que les jeunes demandent, ni sur les véritables raisons d’une telle colère, mais on se contentera de s’en tenir aux faits, le retour des actes de violence à Tizi-Ouzou n’augure rien de bon !. Un malaise, de plus en plus sérieux mine la ville de tous côtés et le déconcertant mutisme qu’affiche les autorités devant les graves dérapages de cette semaine n’arrange les choses en rien. Un tel mutisme mêlé à la légèreté (encore plus insoutenable) de l’opinion ne peuvent que traduire une désolante (et surtout inquiétante) indifférence générale vis-à-vis de ce qui vient de se produire. Pire encore, et comme si l’Etat n’a aucune intention de s’impliquer dans l’évènement, les traces des violences de la semaine sont étrangement laissées en l’état et les énormes barricades dressées un peu partout dans la Nouvelle-Ville (tout comme l’importante quantité de détritus utilisés pour couper les routes) sont toujours sur place. L’Etat joue-t-il au pourrissement ou à la prudence ? Veut-on pousser ces jeunes à des attitudes plus agressives pour daigner intervenir ou sommes-nous devant une attitude d’observation et d’analyse, en espérant que les nouveaux émeutiers de Tizi-Ouzou s’assagissent au fil des jours. Quoi qu’il en soit, on constate que l’administration locale peine à guérir jusqu’aux petits conflits de quartier puisque, même si c’est la prudence qui est mise en avant, une telle gestion peut mener à une colère encore plus violente de la part de ces jeunes qui auront le sentiment, qu’ils doivent faire plus de dégâts pour qu’on daigne enfin les entendre.

Alors à défaut de faire respecter l’ordre, qu’attendent les autorités pour engager un dialogue objectif et serein avec ces jeunes pour pouvoir endiguer leur ire et comprendre leurs préoccupations ? Des jeunes à qui on ne peut reprocher ni leur violence, ni leur entêtement, eux qui, ne voyant rien venir, ont recours à la rue pour espérer “arracher” quelque chose à un Etat qui ne les voit plus. Des jeunes violents, certes, mais qui savent pertinemment bien que la culture du dialogue est quasiment inexistante dans notre pays et qui sont malheureusement convaincus que le civisme et la correction ne sont pas les seuls garants d’un avenir qu’ils espèrent juste correct; à défaut d’être radieux. Ils savent, par dessus tout, qu’ils n’ont accès à aucune administrations et qu’ils se feront rabrouer à la porte du premier service étatique qu’ils solliciteront.

Ahmed B

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