Au moment où la médecine, la science en général, connaît une avancée remarquable, les pratiques des Algériens tendent, en revanche, vers le traditionnel. Les Algériens ont de plus en plus recours à la médecine douce et à la médecine parallèle. Ces deux dernières évoluent en contiguïté avec la médecine moderne. C’est le constat fait par les spécialistes en médecine qui ont participé avant-hier à la journée scientifique organisée à la salle de conférences du C.H.U Frantz-Fanon de Blida, à l’initiative de la Fondation Mahfoud Boucebci. Lors de cette rencontre qui a eu pour thème : « La médecine douce et médecine parallèle », les intervenants, professeurs en psychiatrie et spécialistes dans différents domaines, ont mis en relief les raisons qui poussent les malades à s’éloigner de la médecine « moderne » et à recourir à ce genre de pratiques. La mésothérapie, l’acupuncture, la phytothérapie, la thalassothérapie et la sophrologie sont les plus pratiquées en Algérie, soulignent les spécialistes. Selon un des intervenants, ils sont également nombreux ceux qui fréquentent les talebs et les imams et même les charlatans dans l’espoir de résoudre un problème de santé. Un vrai paradoxe ! C’est le moins que l’on puisse dire, eu égard à l’évolution que connaît la médecine moderne. Cet état de faits qui est devenu dans notre société un phénomène incontournable, commence, d’après les intervenants, à prendre de l’ampleur. Pourquoi ? C’est la question sur laquelle les participants à cette rencontre se sont attardés tout au long de leurs interventions. Dr Mahmoud Boudarene, psychiatre, a expliqué dans son exposé intitulé « médecine douce, médecine parallèle : une illusion de soins » que le détournement vers la médecine douce est dû principalement au fait qu’il y a un manque de communication entre le sujet souffrant et son médecin. La médecine moderne est, d’après lui, brutale, agressive et plus technique. « Le patient a besoin d’être rassuré et lui expliquer avec des termes plus simples, c’est pour cela qu’il préfère recourir à la médecine douce et parallèle », souligne le psychiatre. Ce dernier a ajouté qu’il y a d’autres facteurs tels que les us et la religion sur lesquels les personnes pratiquant ce genre de médecine se réfèrent dans leurs actions. La médecine douce et la médecine parallèle, peuvent- elles nuire à la santé de l’individu ? Selon un des intervenants, il y a des médecines douces qui ont prouvé leur efficacité. Chose approuvée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui estime que ces pratiques sont non seulement efficaces mais économiques de surcroît. L’acupuncture, c’est une nouvelle pratique en Algérie. Elle est beaucoup plus indiquée pour le traitement des migraines et du rhumatisme. C’est une thérapeutique d’origine chinoise, consistant en l’introduction d’aiguilles très fines en des points précis des tissus ou des organes où elles demeurent pendant un temps variable. Ahmed Hamid Brahimi, spécialiste en acupuncture, a affirmé qu’après avoir constaté son efficience, plusieurs universités aux Etats-Unis et en Europe l’ont introduite dans l’enseignement de la médecine générale. La phytothérapie, une médecine par les plantes, est également pratiquée par les Algériens. Celle –ci est plus au moins ancienne. La valériane et les millepertuis sont les plus demandés par les malades. La première plante est prescrite pour traiter le manque de sommeil. Un médecin a indiqué dans se sens que 20% des Algériens sont insomniaques. Quant à la deuxième, elle est conseillée aux dépressifs. Par ailleurs, il y a lieu de souligner que cette rencontre qui se tient chaque année à la même échéance, en mémoire de l’assassinat du professeur Boucebci, a été sanctionnée par la remise d’un prix à Mohamed Boudarène, psychiatre et auteur de l’ouvrage intitulé « Le stress : entre bien-être et souffrance « .
Wassila Ould Hamouda
